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Italie : mise àjour sur la situation répressive et judiciaire de Nicola et Alfredo

Et brèves infos sur les systèmes de contrôle

vendredi 26 avril 2013

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24 avril 2013 : Avec la fermeture des enquêtes préliminaires (415bis) notifiée le 11 mars 2013, Nicola et Alfredo seront renvoyés en procès pour "attentat àfinalité terroriste" (280bis), avec une procédure détachée du dossier pour "association terroriste" (270bis), qui reste ouvert avec une troisième inculpée. Ces deux volets concernent bien sà»r la blessure de l’administrateur d’Ansaldo Nucleare àGênes, mister Adinolfi.

Pour le volet 280bis, la date de l’audience préliminaire n’a pas encore été fixée, on attend que le Parquet dépose les retranscriptions des écoutes de micros d’ambiance qui manquent, et qui après deux prolongations des délais demandées par les experts du tribunal, devraient être prêtes le 5 juin (àce qu’il paraît, les experts ne réussissent pas àcomprendre et retranscrire le dialecte napolitain... qui paraissait pourtant si cristallin aux magistrats de Gênes lorsqu’il a servi àcorroborer la thèse de l’accusation, c’est le mécanisme habituel de comment sont interprétées les écoutes).
C’est aussi en mai qu’a été fixé le dépôt de l’expertise des RIS [police scientifique des carabiniers] sur la confrontation entre les traces de poudre de tir relevées sur les casques de moto saisis chez les parents de Nicola et les armes conservées (légalement) par le père... dans la même maison. Comme cela avait déjàété mentionné lors de la dernière mise àjour, après une première tentative -manquée- de relier ces traces avec les munitions utilisées dans la jambisation d’Adinolfi, le procureur de Gênes est revenu àla charge, cette fois dans le volet sur l’"association" (270bis), avec l’hypothèse fantaisiste d’un "entraînement au tir" effectué par les compagnons inculpés, sans bien sà»r spécifier où et quand (sans compter le fait que les casques ont été saisis lors des perquisitions sans aucun critère "scientifique" par les flics, transitant donc dans leurs sales mains, véhicules et lieux où les gardiens de l’ordre sont certainement familiers de la poudre de tir).
Une nouvelle expertise des ROS [services spéciaux des carabiniers] a aussi été ajoutée au dossier sur les imprimantes saisies lors des perquisitions chez les compagnons inculpés, qui ont été confrontées aux tracts de la revendication : cette fois les experts sont obligés d’admettre que ne sont compatibles ni l’encre ni les défauts d’impression, contredisant l’expertise initiale de la Police Scientifique qui faisait référence àun défaut d’impression générique, commun àla plupart des modèles et marques dans le commerce. Une autre expertise a aussi été ajoutée : il s’agit de la confrontation, effectuée par le RIS de Parme, entre les traces d’ADN présentes sur les manettes du scooter qu’ils présument avoir été utilisé par les attaquants, et l’ADN des 5 inculpés et perquisitionnés en septembre. Vu le résultat négatif de cette comparaison, ils tentent d’inculper Alfredo pour un double attentat explosif contre... le RIS de Parme, en cette lointaine année 2005, et signée Fai/Coop artigiana fuoco ed affini. Après une confrontation d’ADN très vague et inconsistante (les traces mélangées d’ADN présentes sur l’engin retrouvé devant la caserne des "scientifiques" étaient selon les flics mêmes àla limite de l’utilisation àdes fins légales, et ils ont reconnu l’avoir manipulé avant de faire les prélèvements), le procureur Federico Manotti a fixé au 7 mai un interrogatoire en qualité d’inculpé àAlfredo, dans la prison de Ferrara.
Le magistrat de Gênes conteste l’utilisation d’article 280bis (attentat terroriste, qui ne concerne donc que 2 compagnons), même si il est clair que cette enquête est un repêchage d’un dossier ouvert pour l’article 270bis (association terroriste, qui concernerait 25/30 compagnons selon les journaux), couvrant les attaques signées par les différents groupes de la Fédération Anarchiste Informelle depuis 2003 en Ligure, Toscane, Emilie Romagne, Lombardie. On apprend du coup dans les journaux que le Parquet de Gênes a volé l’enquête àses collègues de Bologne pour les attaques contre le RIS et Cofferati (le maire de gôche d’alors), en faisant appel àla Cour de Cassation (c’est cette dernière qui décide la compétence territoriale dans le cas de procédures sur le territoire de différents parquets) pour ouvrir un dossier unique qui recueillerait tous les faits... àGênes.

Au-delàdes manèges carriéristes et des jalousies entre Parquets, au-delàdu conflit historique entre Ros et Digos, on peut remarquer la contradiction absolue dans l’utilisation des analyses et expertises "scientifiques", pour le moins aléatoires, qui servent moins àprouver quelque chose qu’àcréer des suggestions médiatico/accusatoires dans le scénario du sale travail des flics et des magistrats.
Rien de nouveau sous le soleil, sinon de les reconnaître pour ce qu’ils sont : de misérables engrenages d’un monde àabattre. Solidarité avec les compagnons enfermés dans les geôles de l’Etat, en Italie comme partout !

Pour écrire aux compagnons :

Nicola Gai / Alfredo Cospito
Casa Circ. Ferrara
Via Arginone 327
44122 Ferrara

Pour infos et mises àjour : nidieunimaitres@gmail.com

Compte-courant solidaire (indiquer dans la case "motifs" si vous souhaitez que votre contribution soit versée aux compagnons en prison ou aille couvrir les frais d’avocat) :

IBAN IT10 T076 0101 0000 0101 0767 885 au nom de Paolo Perona


Brèves infos sur les systèmes de contrôle (pour l’amélioration de la qualité de vie et de la lutte... pas pour nourrir de stériles paranoïas)

D’une première lecture du dossier ressortent quelques indications techniques plus détaillées, en plus des méthodes traditionnelles (filatures, contrôle visuel ou àtravers des caméras de surveillance devant les lieux de vie et de travail, des déplacements, utilisation de micros d’écoute de lieux et de GPS sur les voitures, repérage des téléphones portables, suivi des mails et de la navigation sur internet, etc.).

Les nouveautés, sont grosso modo au nombre de trois : la demande d’installer des caméras àl’intérieur des habitations et d’utiliser celles des ordinateurs portables (dans ce cas refusées par le juge des libertés, qui n’a accepté que l’écoute àtravers l’ordinateur), l’utilisation du micro de l’ordinateur portable comme micro d’écoute de son environnement, en l’activant avec un software créé pour cela (on remarquera tout de même que l’écoute des espions n’est pas en prise directe comme dans le cas des micros classiques, mais différées de plusieurs jours), et l’utilisation de micros sur batteries avec enregistreur incorporé dans les domiciles et leurs dépendances (selon les techniciens qui l’ont proposé, ils ne sont plus détectables par les scanners normaux, parce qu’ils n’utilisent plus d’ondes radio, on ne sait pas si c’est vrai ou si c’est pour gonfler leurs notes de frais...).

Il est toujours utile de se souvenir que les vieilles et les nouvelles technologies de contrôle ne s’installent pas toutes seules, ni qu’il y a besoin de méthodes sophistiquées ou de coà»teux appareils pour se rendre compte de leur présence : souvent les techniciens payés pour les installer laissent des traces évidentes de leur passage dégueulasse, serrures cassées ou défectueuses, meubles et objets déplacés, "deuxième utilisateur" connecté quand on regarde ses mails, ralentissements de la navigation internet inexplicables par les défauts de réception normaux, téléphones avec un bruit de fond digne d’un vieux vinyle, présences improbables en bas de chez soi ou de clients improbables sur son lieu de travail, accompagnateurs zélés lors des promenades hors de chez soi, etc. C’est ànotre intelligence et ànotre volonté de vivre de savoir jouer avec eux sans alourdir trop nos existences.

Deux textes traduits de l’italien de informa-azione, Mer, 24/04/2013 - 09:53 Repris de Brèves du Désordre.