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Amiens : le choix des cibles

jeudi 22 mars 2012

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Nous nous permettons ici une petite et inhabituelle virée au-delàdes murs délimitant la « banlieue parisienne  » pour aller jeter un Å“il, pas très loin, sur un aspect de la conflictualité sociale amiénoise. Il serait en effet bien dommage de se priver bêtement de quelques faits riches en inspiration et en audace.

On commence donc par revenir un peu en arrière, mi-décembre pour être précis, àla prison d’Amiens. Un dimanche soir, un gros tas de matons (une vingtaine) s’apprête àpointer le nez dehors, leurs heures de travail devant être terminées. Tout àcoup, c’est une volée de balles de gros calibre, probablement tirée avec un fusil àpompe, qui vient frapper la vitre blindée du poste de garde de l’entrée. Il s’en faut de peu pour que les geôliers ne se transforment en passoires, ce qui aurait été du plus bel effet, et le(s) tireur(s) s’en sort(ent) sans être interpellé(s). Aussitôt après, l’ensemble des syndicats de gardiens de prison condamnent l’attaque, en précisant au passage quelques faits intéressants : plusieurs semaines auparavant, une matonne s’était faite agresser àl’extérieur de la prison, puis sa voiture avait été incendiée, alors qu’elle était garée sur le parking situé au pied de la taule. Un autre gardien avait subi des menaces àl’extérieur des murs, venant de proches de détenus. Ces représailles faisaient suite àun changement de directeur àla prison d’Amiens, accompagné d’un resserrage de vis au niveau disciplinaire, et on peut dire qu’elles ont la pertinence du bon vieux dicton : Å“il pour Å“il.

Plus récemment, le 19 février, c’est une voiture de la police municipale qui est partie en fumée en plein dimanche après-midi dans le quartier d’Amiens-Nord, embrasant par ailleurs un break mitoyen. Les flics avaient laissé leur voiture sans surveillance pour aller patrouiller sur le marché d’àcôté. Ni une ni deux, une quinzaine d’inconnus masqués boutent le feu àl’infâme véhicule, avant de chasser les flics àcoup de pierres. Ces derniers ont du faire appel àdes renforts, mais les joyeux incendiaires ont pu prendre la poudre d’escampette avant que la cavalerie lourde n’arrive. Les caméras de vidéo-surveillance avaient été détruites au préalable et des lampadaires avaient été mis hors d’état de fonctionner place du Colvert et square Gauguin.
En bref, un bien beau tableau, certainement loin d’être exhaustif...

[Extrait de Lucioles n°6, février/mars 2012]