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Un industriel, une prise d’otage et des anarchistes
22 ans de prison pour deux anarchistes grecs
lundi 1er mars 2010
En juin 2008, l’industriel Giorgos Mylonas a été kidnappé. Mylonas est le président de l’union des industriels du nord de la Grèce. Il est bien connu pour avoir déclaré que les ouvriers devraient apprendre à accepter des conditions de travail plus dures et à travailler plus longtemps au lieu de bêler. Mylonas est le propriétaire de quelques usines en Grèce, mais aussi en Albanie et en ex-Yougoslavie. Après que sa famille ait payé une somme de 10 millions d’euros, il a été relâché.
Le 20 aoà »t, quatre personnes sont arrêtées et accusées de ce kidnapping : les deux compagnons anarchistes Polikarpos Georgiadis et Vagelis Hrisohoides et un braqueur connu Vasilis Palaiokostas. Les trois ont immédiatement pris distance du quatrième arrêté. Celui-ci avait été arrêté en Crète parce qu’il avait attiré l’attention en dépensant beaucoup d’argent liquide (marqué). Quand la police l’a interrogé, il a immédiatement offert sa collaboration et a donné les noms des trois autres. Pendant les perquisitions, de grandes quantités d’armes, d’explosifs, des gilets pare-balles etc. ont été retrouvées. La police prétend avoir récupéré une partie de l’argent, environ 3 millions d’euros en coupures marquées. En outre, elle a déclaré que ce même argent marqué est réapparu à plus de 150 endroits différents en Grèce. La police a également découvert la maison où Mylonas pense avoir été séquestré, à Souriti près de Thessalonique. Palaiokostas et Georgiadis ont été arrêtés dans cette maison.
Georgiadis et Hrisohoides sont deux compagnons anarchistes. Le 16 avril 2004, Georgiadis avait déjà passé un an en prison, en préventive sous accusation d’avoir incendié un véhicule d’une entreprise de sécurité privée. Il a été condamné à 1 an qu’il avait déjà fait en préventive. Pendant ce séjour en prison, il a rencontré Vasilis Palaiokostas. Georgiadis publie d’ailleurs une revue qui s’intitule Menace Asymétrique.
Vasilis Palaiokostas et son frère Nikos sont des braqueurs de banques très connus en Grèce. Depuis plus de 30 ans, ils vivent dans la clandestinité et braquent des banques. C’est connu qu’ils ont été soutenus et protégés par des habitants des villages dans les montagnes, où il y a toujours existé une tradition de « banditisme social  ». C’est peut-être la seule explication du fait que les deux frères ont tant de fois réussis à échapper à la police. Ils se sont par ailleurs, évadés de prison à plusieurs reprises.
Pendant la semaine qui a suivit l’arrestation ils sont passés devant le juge d’instruction. Déjà à ce moment, il y a eu deux rassemblements de solidarité au tribunal qui a confirmé la détention préventive. Quelques jours plus tard, plusieurs autres membres de la famille du quatrième arrêté ont été accusées de collaboration à la séquestration. Ceux-ci ont également fait des déclarations à la police, mais seulement concernant l’aide qu’eux-mêmes avaient fourni aux ravisseurs.
Le 2 février, leur procès a commencé. Il y avait beaucoup de témoins, à charge et à décharge, qui sont passé en revue. A l’accusation de séquestration, les deux anarchistes ont vus s’ajouter l’accusation d’un braquage de banque et d’une tentative de braquage d’un transport de fonds, lors de laquelle ils auraient tiré. Il manquait manifestement des preuves, mais ça a permis aux flics de classer encore deux affaires. Haralabidis a également fait une déclaration, exprimant notamment sa solidarité avec les deux anarchistes et Paleokostas en cavale.
Le 17 février, le tribunal a prononcé les peines. Les deux anarchistes Polikarpos et Vagelis ont été condamnés à 22 ans et 3 mois (séquestration, braquage de banque, braquage d’un transport de fonds et tir, c’est-à -dire tentative d’homicide). La balance Lazaridis a pris 13 ans et 2 mois (séquestration). Le prisonnier Haralabidis a pris également 13 ans et 2 mois (complicité, pas participation vu qu’il se trouvait en taule au moment des faits). Deux familiers de Haralabidis ont pris 13 mois en conditionnelle pour complicité. Paleokostas, toujours en cavale, a été condamné à 8 ans et 9 mois pour une série de délits mineurs. En son absence, le tribunal ne pouvait pas procéder à des condamnations plus lourdes pour des accusations plus lourdes, vu que sa présence est légalement requise.