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Thessalonique : texte diffusé lors de l’expropriation d’un supermarché

jeudi 24 mai 2012

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Nous ne mendierons notre pitance d’aucun patron. Nous vivons dans une réalité pleine d’inégalités. Certains se demandent quoi jeter de leur frigo rempli, d’autres sont àla recherche de nourriture dans les poubelles. Certains sont àla poursuite d’une carrière avec de hauts revenus, et d’autres courent après un jour de salaire pour survivre. Certains se questionnent àpropos de comment ils pourraient exercer leur droits civiques tandis que d’autres n’ont absolument aucun droit légal. Les équilibres créés pour la préservation de cette réalité telle qu’elle est sont vulnérables ; nous frapperons àces endroits précis.

Les biens expropriés du supermarché ne seront perdus pour personne, vu qu’il s’agit de produits de première nécessité ; ils manqueront par contre au patron du magasin sous forme de profit. Plutôt que d’implorer pitié àun patron pour obtenir quelques heures chichement payées àson service, nous préférons prendre des biens sans les payer, vu que d’une autre manière nous n’aurions pas accès aux produits de première nécessité. Ainsi, nous voyons que pour un moment, nous brisons ce cycle d’esclavage, utilisant quelques heures de notre journée pour faire autre chose de plus constructif.

La guerre fait rage. Nous n’avons pas besoin d’en déclarer une. Nous avons besoin de nous organiser pour nous défendre des attaques féroces des patrons, en trouvant des moyens de leur rendre les coups. Loin du cliché qui nous peint en Robin des Bois modernes, et sans revendiquer une quelconque position d’avant-garde, nous voulons partager nos motivations et nos invectives. Des mouvements comme celui-làsont des moyens, pas des fins en soi. Nous ne nous satisfaisons pas d’avoir des patrons pas loin, pour les voler ou les supplier, ou vivre de leurs détritus. Nous voulons être responsables de nous-mêmes et de nos relations, nous ne voulons personne au-dessus de nos têtes qui règle les choses ànotre place.

Un pari ouvert qui peut coà»ter cher...

En choisissant de nous bouger de cette manière, nous n’oublions pas les camarades de Larissa qui sont toujours poursuivis et dans l’attente d’un procès sous l’accusation d’incitation au vol, punissable de 5 à20 années de prison, pour une action en février 2009, comme la nôtre aujourd’hui (18/05/2012).

Nous n’oublions pas non plus le compagnon Rami Syrianos, qui a été incarcéré pour avoir exproprié de l’argent àun vendeur de marchandises volées, l’entreprise ODDY, une organisation qui joue le rôle d’intermédiaire de l’État en vendant aux enchères les voitures confisquées aux gens pour dettes. Son jugement a été repoussé au 21 mai. Dans la prison de Nigrita, où il est actuellement incarcéré, Rami est dans le collimateur de l’administration pénitentiaire suite àsa participation aux luttes de prisonniers et sa résistance contre l’humiliation de la fouille ànu. On lui a imposé un régime spécial d’isolement, alors qu’il a déjàpassé la plupart de son temps en confinement solitaire dans cette prison, seul dans la cellule des arrivants. Le 15 mai, il a commencé une grève de la faim en exigeant la fin de ce régime et son transfert vers une autre prison. Nous sommes àses côtés.

... Mais un pari qui vaut le coup d’être gagné.

Mai 2012

Extrait de Contrainfo, traduc ajustée par Brèves du Désordre.