Accueil > Articles > Immigration et frontières > Révolte et solidarité

Révolte et solidarité

jeudi 20 février 2014

Toutes les versions de cet article : [français] [italiano]

Le 14 février 2014 une révolte a éclaté au centre de rétention de Vincennes. Les flics ont voulu expulser un retenu, qui avait déjàrésisté àune tentative d’expulsion le jour d’avant, et sont venus le chercher àtrois heures du matin. Des expulsions il y en a quotidiennement dans les prisons pour étrangers. Seulement cette fois-ci ça ne s’est pas passé comme prévu pour les flics : toutes les personnes enfermées se sont révoltées pour empêcher cette expulsion : des caméras de vidéosurveillance ont été bouchées avec du beurre, des portes dégondées ont servi de barricade ou de projectiles, des extincteurs vidés et balancés, des vitres brisées. Des renforts de flics ont été appelés : 23 compagnies et des coups de matraque pour mater la révolte. Plusieurs personnes sont blessées et deux arrêtées et placées en garde-à-vue.

Le lendemain, le 15, des feux d’artifice sont lancés depuis l’extérieur sous les murs du centre pour saluer la révolte et exprimer la solidarité. Quelques minutes plus tard, cinq personnes sont arrêtées dans le bois de Vincennes et mises également en garde-à-vue.

Après 48 heures, les sept sont déférés au dépôt du tribunal et présentés en comparution immédiate. Les deux retenus du centre de rétention ont été jugés pour destruction en réunion et condamnés àdeux mois de prison avec mandat de dépôt. L’un d’eux a aussi pris deux mois de sursis supplémentaires pour avoir refusé de donner son ADN lors de la garde-à-vue. Pour les cinq autres personnes, inculpées d’attroupement armé et masqué et d’avoir refusé de donner leurs empreintes, photos et adn, le procès a été reporté au 24 mars. En attendant trois sont sous contrôle judiciaire et deux en détention préventive. Une audience de remise en liberté est prévue le 25 février. Le soir les quatre ont passé la nuit àla prison de Fleury-Mérogis.

Mardi 18 au soir, un rassemblement de solidarité s’est tenu àBarbès, des tracts racontant l’histoire et appelant àla solidarité ont été distribués et deux banderoles accrochées : « Sabotons la machine àexpulser. Liberté pour toutes et tous  » et « Feu aux centres de rétention. Détruisons toutes les prisons  ».

Plus tôt dans la journée, les flics ont une nouvelle fois raflé des sans papiers dans le quartier, arrêtant plus de 60 personnes. À Barbès la pression policière est quotidienne pour chasser vendeurs àla sauvette, sans papiers, et tou.te.s celles et ceux qui ne rentrent pas dans le cadre voulu par les politiciens et les investisseurs : un quartier attractif, branché où les pauvres rasent les murs et les bourgeois occupent la rue.

De Barbès àla prison ou au centre de rétention il n’y a qu’un pas, chacun.e le sait bien. Un contrôle peut très vite aboutir àl’enfermement : pas de papiers, un outrage, un refus de donner ses empreintes, un truc illégal sur soi, etc.

S’opposer àla pression policière, empêcher une expulsion, faire péter des feux d’artifice devant une prison, c’est refuser de devoir toujours baisser la tête dans cette société faite de contrôle et d’exploitation qui tente de briser les individus jusqu’àce qu’ils se soumettent àleurs règles et àleurs normes.

La lutte continue

Solidarité avec les 4 incarcérés

Liberté pour toutes et tous, avec ou sans papiers

[Repris de Sans papiers ni frontières]