Accueil > Articles > Sur le monde carcéral > Recapitulatif et communiqué du mouvement massif de lutte des prisonniers en (...)

Recapitulatif et communiqué du mouvement massif de lutte des prisonniers en Grèce

dimanche 27 avril 2014

Toutes les versions de cet article : [ελληνικά] [français]

Nous avons commencé il y a quelque temps un mouvement de détenus contre les conditions spéciales de détentions, la fin des permissions et la limitation des communications avec nos proches.

Depuis lors et jusque maintenant, des dizaines d’actions ont été menées contre le projet de loi de construction du premier Guantanamo grec àDomokos, tant en-dehors qu’entre les murs des taules.

Protestation au bouclage de midi et refus de rentrer en cellule dans plusieurs prisons, participation au refus des plateaux le 11/04 dans toute la Grèce, milliers de signatures de détenus dans toute les prisons et envois de textes de protestation au ministère de la justice, graffitis dans la promenade [1] et protestation nocturne en mémoire et signe de rage pour le meurtre de notre co-détenu Kareli, voilàquelques moments de lutte entre les murs des taules.

En parallèle, nos voix en ont rencontré des milliers d’autres loin des murs et qui ont mené des manifestations devant les prisons, se sont affrontées avec les MAT [2] (manifestation àDomokos), ont appelé àdes rassemblements de soutien, ont collé des affiches, ont crée des sites d’informations [3], ont manifesté dans les rues centrales de plusieurs villes, ont organisé des événements sur notre mouvement, ont attaqué l’iniquité (jet d’une grenade sur la voiture d’un maton àEgaleo [4]) et nous ont envoyé un message vivant de solidarité que dans cette lutte nous ne sommes pas seuls.

L’Etat et le gouvernement ont voulu dès le début nous effrayer pour que nous abandonnions notre lutte. Ils en sont arrivés au point de lancer des poursuites contre un avocat, lequel, tout àson honneur, a envoyé un fax avec le texte de protestation que nous avions écrit et que nous lui avions demandé d’envoyer àdes prisonniers dans d’autres prisons afin qu’ils soient informés.

L’Etat et le ministère de la justice ont néanmoins fait marche arrière par la suite. La forte participation de toutes les prisons au mouvement d’un côté et de l’autre le meurtre du prisonnier Kareli par des matons ont créé un climat particulièrement tendu qui peut àtout moment avoir des conséquences imprévisibles.

Dans le même temps, les révélations sur la mainmise des ministres Athanasiou et Dendias [5] sur la soi-disant justice indépendante (scandale Baltakos [6]) les a compromis et a confirmé le coup d’Etat judiciaire en cours depuis plusieurs années. Quand est révélé le "sale" rôle de la "justice" face aux néo-nazis paraétatiques d’Aube Dorée qui étaient jusqu’àhier les enfants gâtés du système, alors àquoi doit s’attendre pour un pauvre diable de droit commun, un immigré sans papiers ou un prisonnier politique [sic] ?

Il est clair que le gouvernement et les autorités judiciaires et policières ne veulent pas jeter de l’huile sur le feu en ce moment, très certainement àcause des élections [7]. Les annonces hitlériennes du ministre de la justice Athanasiou au début de l’année pour le transfert des détenus "dangereux" àDomokos dans les 100 jours sont devenus des paroles creuses. On observe en général que le projet de loi fasciste pour les prisons de type C a été gelé.

C’est pour nous une première petite victoire qui n’aurait pas eu lieu si ce que nous avons mentionné ci-dessus ne s’était passé. Mais nous n’avons gagné qu’une bataille, pas la guerre.

Nous restons vigilants, nous nous tenons mieux informé et nous sommes prêts pour le prochain mouvement àtout moment et si le besoin s’en fait sentir.

Le mouvement reste fort et les détenus de chaque prison y contribuent de toutes les manières possibles. Nous restons dans l’attente sans faire un seul pas en arrière. Nous n’accepterons pas de vivre le cauchemar du Guantanamo grec.

Nous remercions tous ceux qui se tiennent ànos côtés depuis le début et qui abolissent àleur façon le mur de notre isolement, transférant nos voix dans les rues.

La lutte continue....

Initiative de prisonniers
24/4/2014

[Traduit du grec par nos soins de Indymedia Athènes.]


[1Dans la prison de Korydallos.

[2Unité anti-émeute de la police grecque.

[4Action menée le mardi 8 avril àEgaleo, dans la banlieue d’Athènes, et revendiquée par les Bandes Nihilistes de Vengeance ici en français.

[5Premier ministre, membre de Nea Domikratia.

[6Scandale politique où furent dévoilés les liens entre Aube Dorée et Nea Domikratia. Baltakos est un politicien de ND qui s’est fait piéger par ses petits potes d’Aube Dorée, ces derniers ayant publié des enregistrements de conversations privées où le premier affirmait son soutien au parti néo-nazi dans les poursuites judiciaires ouvertes après le meurtre de Pavlos Fyssa. Baltakos a depuis démissionné.

[7Les élections municipales et européennes en mai 2014.