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On voudrait nous apprendre àmarcher en nous coupant les pieds

lundi 28 septembre 2009

Ce monde, c’est de la merde. C’est pas la première ni la dernière fois qu’on le dira. A bas l’Etat, le travail, le citoyennisme, le spectacle, l’abrutissement de masse, la vigilisation des espaces et des esprits, l’uniformisation de tout, des comportements, des relations, les enfermements, la généralisation des moyens de contrôle, de surveillance, de répression (etc., etc.). Si on en est là, c’est qu’existe, parmi tant d’autres horreurs étatiques, l’ECOLE, l’éducation nationale, l’institution scolaire. L’école, avec la famille, le ciment de notre meilleur des mondes.

L’école, passage obligé.

L’école, c’est obligatoire, de fait. On y est àpeu près tous allés. Plus ou moins longtemps, dans des établissements différents, mais on y est quasiment tous allés.
Lycées ghettos, lycées d’élites.
Ils sont beaux les fondements de l’école. L’Etat providence dispensant gratuitement, pour tous et de façon égalitaire, sagesse et connaissance universelle.
Les connaissances élémentaires pour tout un chacun, les bases àconnaître, les savoirs nécessaires àla vie en ville, les machins utiles, les trucs qu’il vaut mieux savoir faire, dire, taire si tu veux t’en sortir. Les machins que t’as intérêt àconnaître, si tu veux pas crever trop seul, trop pauvre et pas totalement dépressif. Les trucs essentiels àla vie en société, àla vie de ceux qui te l’enseignent, tout ce que tu dois savoir pour gérer au mieux la façon de te faire baiser.

Lire - le verdict - Ecrire - dans les cases -
Compter - le nombre d’années qu’il te reste àtirer.

Les façons d’être, de supporter le plus sereinement du monde, ton esclavage. Les modes de (non)pensée adaptés àcette blague nulle qu’est ta condition pourrie.

Les écoles, matrices àhordes de citoyens névrotiques et dévoués qui, comme ceux d’avant, assureront et défendront avec passion et conviction la survie et la pérennité de (ceux qui ont fait ce qu’il est de) ce monde.
L’école mâche le travail aux keufs, publicitaires et autres crapules cyniques.
L’école fabrique keufs, publicitaires et autres cyniques crapules.
Les valeurs de l’école sont celles de la société haïe : travail, compétition, performance, fierté, ambition, soumission, obéissance, collaboration, délation... (etc., etc.)

Carotte, bâton, résultats efficaces.

Que devienne instinctif de ne rien comprendre.
La fonction première de l’école est l’anéantissement moral de chaque individu passant entre ses mains.

A l’école, on travaille
pour que dalle, tout le temps.
A l’école on apprend àtravailler et qui plus est, àdéfaut d’autre chose, àen faire sa raison d’exister...
Quand ton but dans la vie devient de passer àl’année supérieure.
Trimer et en redemander.
Retenir par cœur, réfléchir par cœur.
Apprendre àapprendre.

Dès la petite enfance, par des méthodes violentes et efficaces, l’individu est brisé, lentement mais sà»rement :
réveil trop tôt, trop froid, trop noir dehors. Six, huit heures par jour enfermé-e, assis-e, attenti-ve-f, silencieu-se-x. En rang deux par deux ou massé-e-s dans les couloirs. Présence obligatoire. Sonneries toutes les heures. Emploi du temps immuable, répétitif.
Contrôle des connaissances, moyenne générale, "peut mieux faire", interro surprise, panique, retards non tolérés, punis, vices des profs, des pions, des autres. Elèves modèles complimentés, récompensés tous les jours.
Insoumis, inadaptés, désintéressés ou autres, collés, jours après jours.

Après la maternité, avant les foyers, usines, bureaux, commissariats, armées, hôpitaux, cimetières, maisons de retraite, prisons, H.P... l’école c’est l’enfermement.
En tant qu’enfant, l’élève, petit citoyen, n’est pas "libre". Ça n’existe pas évidemment la liberté (même pas dans la tête on est d’accord) mais en tout cas, là, c’est de limitation de mouvements (entre autres) dont il s’agit.
Tous les matins, une fois passée la porte, tu es détenu-e, pour la journée sous la responsabilité de l’administration scolaire.

Tes parents sont obligés par l’État de te mettre àl’école. Gosse, tu réalises l’existence d’une autorité supérieure àla leur qui a prise sur toi et sur les autres. Si l’autorité de tes parents est souvent écrasante, celle-làsemble insurmontable, impossible àremettre en cause. Tu flippes, tu chiales.

Tu ressens la peur parce que tu dois rendre des comptes. Comme un chien, tu te mets àredouter plus que tout la réaction de tes maîtres.

Encore plus fort que le père, le bâtard ultime, le président, le patron : le proviseur, détenteur du pouvoir absolu, qui ne te connaît pas (tout de suite) mais que tout le monde connaît, craint. Tu préfères te vautrer cinq fois de suite dans les escaliers que de devoir passer trois minutes dans son bureau.

L’école apprend la peur. A la matérialiser en soi.
Peur de sortir du moule, désobéir.
Peur de se faire punir, de décevoir les référents (profs et parents).
Peur, une fois intégrée, indélébile, inscrite pour toujours au fond de chacun de nous.
Peur du flic, de voler, de désobéir, de franchir les limites établies.
Peur comme emprise.
Peur puis tout accepter car désarmé, désamorcé.

Craindre et plébisciter ceux qui en sont àl’origine et qui disent en avoir l’antidote.

L’école fabrique en chacun l’illusion de la démocratie en apprenant aux gens àvoter, élire des délégués censés les défendre et les représenter auprès des instances. Soi-disant la seule façon de se faire "entendre". La mascarade habituelle, pour mieux te faire intégrer docilement ta condition pourrave : tu sais rien, tu n’es rien, rien qu’un élément d’une cargaison de gosses du même âge. "Et t’as de la chance de n’être rien, t’as de la chance d’aller àl’école".
L’arbitraire comme principe.
La résistance un composant électronique.

L’école, monde sur-règlementé, habitue les gens àse faire dépouiller d’eux-mêmes, contrôler, surveiller, compter, classer, enfermer, àen redemander.
Malgré toi, tu te soumets
àune multitude de formalités qui te font courber, et que tu en arrives presque àtrouver justifiées.
Ces habitudes qui ont déterminé ta façon de penser, de te résigner.

Souviens-toi, la rentrée, les premiers cours de l’année. Dans toutes les matières, chaque bâtard de prof qui te fait remplir ta propre fiche. Renseignements sur toi-même, tes parents. Comme tout le monde, tu te soumets àce rituel. Tu livres, àdes inconnus, des informations, honteuses des fois, personnelles en tous cas.
Tu te rends pour commencer
dans tous les cas.

Tu trouves normal de répondre àl’appel en début de chaque cours, d’être constamment surveillé-e, de ne pas être censé-e circuler àtel endroit àtel moment, d’avoir obligatoirement sur toi ce carnet de liaison.
Tu te retrouves àfaire la liaison entre deux pôles d’autorité, l’administration scolaire et la famille.
T’es contraint-e d’informer ta famille des conneries que t’as pu faire la veille et des sanctions dont t’as hérité.
On te met dans la situation de t’auto-dénoncer...

C’est parce qu’il n’y avait rien d’autre àfoutre, parce qu’il n’y a rien àfoutre d’intéressant àl’école, dans ce qu’on te propose. 1/4 d’heure de récréation pour 4 heures de classe.
L’intérêt dans le fait de constamment censé-e être surveillé-e, c’est de tenter, dès que possible de déjouer cette surveillance, d’agir de façon déviante, en toute occasion. Et de s’en griser às’en rendre dépendant.
Foutre la merde pour son salut.

10, 15, 20, 25 ans àse faire arnaquer. Ça plus tout le reste.

PARCE QUE ÇA COMMENCE A L’ECOLE,
COMMENCE PAR CRAMER TON ECOLE.

(dépêche, y’en aura pas pour tout le monde)