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Nouvelles manœuvres policières relatives àl’enquête concernant le Centre de détention de Roanne

dimanche 24 mai 2015

Le matin du 12 mai à8h je suis sortie chercher du pain. Quand je suis rentrée au moment d’arriver devant chez moi j’ai été interceptée par deux flics qui m’ont sorti leurs cartes de police en demandant confirmation de mon identité. Puis ils m’ont dit qu’ils voulaient rentrer avec moi chez moi. J’ai refusé et demandé de voir le document qui les autorisait àrentrer chez moi, ce qu’ils m’ont montré. Ils ont dit que si je ne leur ouvrais pas ils casseraient ma porte.

Une fois dans le hall, ils ont tenté de me convaincre ànouveau d’ouvrir, disant qu’ils auraient pu casser la porte à6h du matin mais qu’ils avaient justement choisi de m’épargner ça et que je n’avais surement pas de quoi me repayer une porte, et qu’eux préféreraient ne pas faire ça, etc. Puis ils ont sorti leur bélier pour enfoncer la porte. Là, un flic a poussé violemment àla main la poignée de la porte qui s’est ouverte, car en fait mon appartement était ouvert. Ils sont entrés, arme en main.

A une autre personne qui entrait dans l’immeuble et leur demandait pourquoi ils agissaient violemment ainsi, ils ont répondu qu’ils recherchaient un évadé. Leur inspection de mon domicile a été rapide.

Alors qu’une personne présente contestait leurs manières de faire, ils ont dit "vous êtes une libertaire, vous n’aimez pas l’état, si vous avez un problème avec les lois il faut voter".

Ensuite deux autres policiers de ma ville sont arrivés également et ont accompagné leurs collègues. Ils m’ont emmenée dans leurs bureaux pour une audition.

Voilàce dont je me souviens de ce qui était noté au sujet des faits qui motivaient leur intervention.

Ils reprochent le recel d’objet en lien avec un délit commis le 4 juillet, le 14 novembre 2012, et le 1er février 2013 àRoanne, il y a donc trois motifs énumérés, un pour chaque date. La procédure est au nom de X, alors détenu au Centre de Détention de Roanne, avec qui j’avais des parloirs réguliers. Mon nom n’apparait nulle part. La date du lancement de la procédure en lien avec leur intervention chez moi est de mars 2015, le juge s’appelle Wilfrid Exposito, et ces policiers sont de la PJ de Saint Étienne et/ou Lyon. Les documents mentionnent également un mandat d’arrêt européen en date du 9 mars 2015 qui s’ajoutait au mandat d’arrêt qui avait été émis l’année précédente àl’encontre de X. [lorsqu’il n’est pas revenu d’une permission de sortie accordée alors qu’il était en prison].

Concernant leur intervention àmon domicile, il s’agit d’une "visite domiciliaire" et non d’une perquisition, et ils ont noté "l’absence de signe d’une présence masculine régulière ou récente". Ensuite concernant mon audition, ils m’ont dit àla fois qu’il s’agissait d’une audition libre et que je pouvais y mettre un terme dès que je le souhaitais, et àla fois qu’ils pouvaient décider de me mettre en garde àvue.

L’OPJ a noté mon identité, puis m’a dit différentes choses, voilàce dont je me souviens.

Qu’ils s’occupent habituellement de criminalité et de grand banditisme et que les histoires de prison ils s’en foutent, mais qu’ils sont chargés de cette affaire.

Il m’a dit "je sais beaucoup de choses sur vous, je suis sur vous depuis 2012 je sais ce que vous pensez, je sais que vous êtes anti-flic, vous avez le droit, on n’est pas obligés d’aimer tout le monde, d’ailleurs moi non plus je ne vous aime pas."

"C’est moi qui suis allé voir X quand il était àNeuvic [pour tenter de l’auditionner probablement déjàdans le cadre de cette enquête], il parle plus que vous, d’ailleurs son téléphone était sur écoute et quand vous parliez ensemble quand il était en prison, il y a des choses qu’il vous disait qui n’étaient pas vraies."

Il m’a même dit "d’ailleurs ça va dans les deux sens parce qu’on a mis la misère aux surveillants qui lui ont causé des problèmes".

Il m’a dit aussi "de toutes façons on retrouvera X, je sais que vous vous voyez, et làc’est gentil ce qu’il se passe parce que j’aurais largement de quoi vous causer de sérieux problèmes, je sais que vous avez aidé X, et aussi quand il n’est pas rentré de permission on peut dire que c’est de la complicité".

A toutes ces affirmations de sa part je n’avais rien àrépondre. Il a fini par me dire "je regrette d’avoir été sympa avec vous ce matin".

Puis il m’a dit qu’il supposait que je n’allais pas répondre àses questions ni signer le procès verbal, ce que j’ai confirmé. Donc l’audition en tant que telle n’a pas duré longtemps, et il ne m’a pas posé de questions.

Il a appelé le juge en charge de l’enquête devant moi, disant que je ne déclarais rien àl’audition, et lui demandant quoi faire. Puis il m’a dit que les procès verbaux qu’il avait fait allaient être joints au dossier, et m’a laissée repartir.

Voilà... Je raconte ça comme quelques éléments àpartager au sujet d’une enquête en cours*, et pour se préparer également àleurs manières de faire (questions, fausse sympathie en vue de tenter d’établir une collaboration, insinuations pour salir les personnes, menaces voilées, etc...).

A bas toutes les prisons.

[Repris d’Indymedia Grenoble. Pour plus d’infos sur ce qui s’est passé àl’intérieur et àl’extérieur de la prison de Roanne entre été 2012 et printemps 2013, voir ici.]


* fin octobre dernier, des membres de l’émission radio anticarcérale "Papillon" àSaint Étienne ont été convoqués dans le cadre d’une enquête portant sur des actes de contestation de la prison survenus tant àl’intérieur qu’àl’extérieur du centre de détention de Roanne entre 2012 et 2013. Ils ont publié ce communiqué pour en parler.