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Notre-Dame-des-Landes : Date ? Futur proche, peut-être après demain ? Ça y est, on a gagné !

lundi 12 février 2018

[Une fiction, vraiment ? Autour de la ZAD et de ses occupants... un texte publié y a un an et demi dans le ZAD news et qu’il est doux de relire et diffuser aujourd’hui.]

[/ Date ? Futur proche, peut-être après demain ?
Lieu ? D281 N-D-D-L.
/]

Ça y est on a gagné. Oui, oui, vraiment l’aéroport n’a pas été construit. La zad est devenue un quartier autogéré de Nantes Métropole. 100 % BIO. 100 % écocitoyen. On y vend désormais des patates garanties sans OGM et sans Vinci. Dans les Biocoop de la région on y trouve même un rayon « fruits et légumes àdéfendre  ». À l’entrée on y a construit un petit parking (sans béton) et quelques toilettes sèches pour chier responsable. Les familles nantaises peuvent venir y respirer : « calme et nature àseulement 15km de Nantes  » proclame le prospectus recyclable. Camille qui porte un badge « en 2012 je lançais des cocktails  » explique aux petits métropolitains le principe de la polonisation. Il pleut un peu. Mais ça fait partie du décor. Et puis ça vend des bottes en chanvre équitable, ààpeine 45 euros sur le yes marché. Les vaches meuglent, paisibles. Se sentant fières d’être enfermées avec un label bio-social. Bref. Tout va bien. Tout est parfait. Parfaitement sous contrôle. Comment en est-on est arrivé àcette carte postale sociétale ? C’est très simple. On s’est ouverts aux voisins, aux néoruraux en manque de charpente. Grâce àtoutes les composantes de la lutte. À la drague du citoyen, de l‘élu local. De l’électeur. On a donné dans le symbolisme, laissé nos espoirs être médiatisés et nos luttes appauvries afin que tout le monde s’y retrouve (tout le monde ça signifie la majorité). La majorité. Bien pensante. Qui vote, qui bosse, qu’on exploite. Qui exploite aussi. A quand la ligue des CRS vigilant.e.s pour une démocratie participative sans aéroport ?

Alors les tracteurs et les bâtons passent. Et Nantes ne se casse plus. Alors le temps passe. Et mes compagon.ne.s de se lassent et se cassent. Cette zone est en train de se faire pacifier. Et le mythe des brigand.e.s dans les bois s’éloigne un peu plus chaque jour. Parce que : c’est pas le moment, c’est pas stratégique, qu’on chie pas làoù on dort. Qu’il faut sauvegarder l’unité. Mais de quelle unité parle-t-on ? Si tout le monde est contre l’aéroport c’est qu’il n’y a plus personne àdéfier. Le système s’accommode de rebelles, s’ils n’attaquent pas. Parce que si on continue la zad ne dérangera plus personne et c’est ça qui m’attriste. La drogue fait son travail. Le réformisme aussi. Je me souviens m’être battu pour un espace de conflit permanent avec tous les pouvoirs. Pas pour protéger une zone où les dominations s’étalent et où il faut être le moins radical possible pour ne choquer personne...

Retour àla carte postale, un gamin trébuche, tombe et pleure. Il s’est pris le pied dans un bout de panneau. Il est recouvert de ronces et de mousse mais on y déchiffre encore, péniblement, « contre l’aéroport et son monde  ». Une autre époque...

[/ L’anti-monde ou rien. /]


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