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L’état et la démocratie ne seront jamais des remparts face au fascisme

lundi 10 juin 2013

Jeudi soir, Clément Méric, militant syndicaliste et antifasciste a été assassiné par des néo-nazis àParis. Nombreux sont celles et ceux qui, se reconnaissant dans son engagement, ont été saisis d’effroi par cette tragédie d’une vie brisée en quelques secondes. L’expression de la colère et de la douleur suscitée par sa mort ont du mal àse frayer un chemin au milieu du vacarme médiatique et des commentaires autorisés de toutes les crapules politiciennes. Les charognards sont de sortie qui se ruent sur le cadavre pour promouvoir la défense de leur sainte trinité : l’Etat, la République, la Démocratie.

Pour autant, la gauche de pouvoir est dans son rôle quand elle s’appuie sur une vision purement morale de l’antifascisme. Pour donner en exemple les temps bénis du présent, rien de mieux que d’agiter la menace du retour àun passé obscur et barbare. En désignant le fascisme comme ennemi principal, on aboutit logiquement àune conséquence : regrouper contre lui toutes les bonnes volontés àpartir du plus petit dénominateur commun, sa contradiction fantasmée, la démocratie. On peut donc, comme Jean-Luc Mélenchon, faire de l’antifascisme tout en soutenant un programme social-patriote. On peut aussi, par exemple, vouloir comme Manuel Valls « Ã©radiquer la violence d’extrême droite » le matin et faire rafler 150 sans-papiers àBarbès l’après-midi…

Alors bien sà»r la mort de Clément Méric s’inscrit dans un contexte marqué par la résurgence de l’agitation des groupuscules nationalistes, par la campagne homophobe conduite ces derniers mois par les catholiques intégristes, par la stabilisation électorale du FN àun niveau élevé. Faits d’actualité face auxquels le « mouvement social » (feu la lutte des classes) s’est montré impuissant. Pour autant, le fascisme demeure en France une idéologie ultra minoritaire sans véritable impact. Il lui manque pour devenir une véritable force politique deux choses essentielles : une capacité àmobiliser autour de son projet par la violence et l’encadrement social et une fragilisation du consensus telle qu’il apparaisse àl’Etat et au capital comme le dernier recours pour leur sauvegarde. Le fascisme n’a jamais vaincu la démocratie dans une lutte àmort, il a toujours prospéré sur son épuisement.

La réaction unanime de la classe politique pour condamner le meurtre illustre d’ailleurs la marginalité de leurs auteurs. Arrêtés très vite, il y a fort àparier qu’ils seront condamnés de manière « exemplaire » et que quelques organisations de l’ultra droite seront dissoutes dans la foulée. Du point de vue de la riposte, nous n’avons rien àattendre de la justice et du ministère de l’intérieur. La demande pathologique formulée par les partis et syndicats d’une réponse ferme du pouvoir témoigne de leur faillite sur le terrain social àl’heure où partout en Europe l’Etat et le capitalisme approfondissent la guerre aux prolétaires.

Il y a en France des fascistes qui tuent au nom de leur idéologie fanatique. Face àeux, nous devons rendre coup pour coup et les empêcher de parader dans les rues afin de ne plus avoir àpleurer la mort d’un camarade de 19 ans. Mais n’oublions pas que ce que redoutent les immigrés, d’avantage que quelques crânes rasés, c’est la police républicaine. Que les roms ces derniers temps ont plus àcraindre de leurs voisins citoyens àpeine moins pauvres qu’eux et gagnés àl’idéologie sécuritaire et raciste que des partisans d’Adolf Hitler. Que même sans néo-nazis cette société révèle quotidiennement son visage de domination et d’exploitation.

L’état et la démocratie ne seront jamais des remparts face au fascisme

Pas de quartiers pour les nazis, pas de quartiers pour l’Etat, pas de quartiers pour le capitalisme

Contre la barbarie de ce monde-ci, et pour que le meurtre de Clément Méric ne trouve pas son ultime dénouement dans un tribunal, ranimons dans les luttes et dans la rue la lueur vacillante d’un futur révolutionnaire.

Repris de Indyparis.