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Italie : Un point sur la lutte contre la machine àexpulser dans les Pouilles, la répression et la solidarité

lundi 18 janvier 2016

Après une manif de solidarité devant le CIE [1] de Brindisi – Restinco, trois compagnons de Lecce ont été arrêtés sur des accusations de « résistance àagents  » et de « manifestation non-autorisée  ». Ils sont désormais sous assignation àrésidence. [Mise àjour au 13 janvier : Les trois compagnons ne sont plus aux arrestations domiciliaires, mais assignés àrésidence dans la commune, avec l’interdiction de sortir de chez eux la nuit ; NdNF]

Ci-dessous le tract distribué pendant la manif’ qui a eu lieu le 10 janvier dans le centre-ville de Lecce en solidarité avec les personnes arrêtées :

Depuis début octobre 2015, dans le quartier de ‘Restinco’ àBrindisi, un CIE est de nouveau ouvert après que plusieurs révoltes de ceux qui y étaient enfermés l’ai rendu inutilisable.

Les CIE sont de véritables camps dans lesquels sont enfermés des migrants sans-papiers. La vie dans un CIE est constituée de harcèlements des militaires et des policiers, et de gros bénéfices pour les organismes qui les gèrent : dans le cas de Restinco, c’est Auxilium SocietàCooperativa Sociale [2].

Depuis la réouverture du centre, des compagnons allaient régulièrement devant ses murs pour apporter de la solidarité aux retenus. Après de multiples détentions par la police, trois d’entre eux ont été arrêtés samedi 9 janvier, poursuivis pour « manifestation non-autorisée  » et « résistance àagents de police  ». Nous réaffirmons que le but principal de la répression est de s’assurer que ce camp reste un lieu de ségrégation totalement isolé et inconnu du plus grand nombre.

Qui est indifférent est complice de ces camps.

Contre les frontières, liberté pour tous, feu aux CIE !!

[Traduit de l’italien d’Informa-azione par Le Chat Noir Émeutier.]


Lecce : attaque contre la machine àexpulser

Lecce [13 janvier ; NdT] – nous avons détruit deux distributeurs de billets de La Poste italienne, entreprise qui déporte les immigrés des centres de rétention avec sa compagnie aérienne Air Mistral.

Liberté pour ceux qui luttent dans et hors des centres de rétention
Liberté pour tous

[Traduit de l’italien d’Informa-azione par Brèves du désordre.]


Turin : attaque contre la machine àexpulser

15 janvier : pendant la nuit, les DABs des quatre agences de La Poste sont mis hors service. Sur les murs des agences, des tags sont posés : certains en solidarité avec ceux qui luttent contre les CIE, d’autres contre Mistral Air, compagnie aérienne appartenant au Groupe Poste Italiane, qui effectue les déportations de sans-papiers.

[Traduit de l’italien par nos soins de Macerie.]


Au fond des yeux

Deux fils, indissolubles et antithétiques, relient des faits et des personnes apparemment lointaines : la guerre et la liberté. Une femme somalienne, morte pendant sont débarquement dans le sud du Salento [dans la région des Pouilles, en Italie ; NdT] est l’énième victime de la guerre totale que le Capital a déclaré contre l’humanité, contre cette partie de l’humanité sur l’exploitation et la souffrance de laquelle il fonde son processus d’accumulation. Partie pour essayer de fuir des conditions de misère, cette femme, comme des millions d’autres êtres humains, est allée àla recherche de sa liberté, qu’elle pensait pouvoir trouver dans cette région du monde où vivent les plus gros responsables des causes qui l’ont obligée àfuir.

Cependant, au moment où elle pensait entrevoir une possibilité, les conditions de la guerre l’ont encore rattrapée, dans les eaux àquelques kilométrés de la côte.
D’autres ont eu plus de chance, apparemment du moins... Arrivés sains et saufs sur la terre ferme, ils pensaient pouvoir satisfaire leur désir de liberté, pour s’apercevoir qu’ils n’ont trouvés, dans le riche Occident, que des conditions d’exploitation et de misère semblables àcelles qu’ils avaient abandonné, faites d’exploitation salariale brutale, discrimination, répression... Certains d’entre eux, les plus pauvres parmi les pauvres, àun tel pont qu’ils n’ont même pas les qualités nécessaires pour obtenir un bout de papier qui leur permette de circuler sans devoir se cacher, ont rencontré les camps des modernes démocraties occidentales : les CIE, Centres d’Identification et d’Expulsion. C’est ainsi qu’un langage qui se veut de plus en plus neutre, afin de cacher la brutalité de ses significations, appelle les centres d’internement, en Italie.

Fruit nocif de toute guerre, ces camps n’ont jamais supprimé les aspirations àla liberté des personnes internées, qui, depuis le moment de leur ouverture en 1998 jusqu’àaujourd’hui, ont donné lieu àune série infinie d’évasions, révoltes et destructions, jusqu’àmettre en doute leur existence et leur fonction. Cependant, la tache de détruire ces lieux de l’abomination n’appartient pas seulement àceux qui y sont enfermés, mais àquiconque haït la guerre et aime la liberté. C’est celle-ci la raison qui a poussé trois manifestants àaller devant les murs du CIE de Brindisi-Restinco, il y a quelques jours, ce pour quoi ils ont été mis d’abord aux arrestations domiciliaires, puis assignés àrésidence.

La lutte pour la liberté concerne tous ceux qui sont les victimes de la guerre menée par le Capital et les États qui le servent, une guerre que tous les exploités vivent chaque jour sur leur peau, obligés de fuir des lieux où ils vivent, ou condamnés àsurvire dans des conditions de misère et d’exploitation dans la partie riche du monde, qui vit d’une richesse toujours plus accumulée par peu de gens au dépit du plus grand nombre. Le fait de défendre la misère des petits privilèges qui nous différencient de ceux qui sont plus pauvres que nous est une des pilules les plus amère que le capitalisme veut nous faire avaler, jusqu’àrenier non seulement la solidarité, mais aussi la conscience humaine.

Dans les yeux de ceux qui traversent la mer nous ne devons pas voir, comme le voudraient presse et politiciens, l’ennemi dont nous devrions nous défendre ou le concurrent dont nous devrions nous protéger, mais bien les exploités dans lesquels nous pouvons nous reconnaître. telle est la vrai peur qu’instille en nous l’immigré, le sans-papier, l’ « Â autre  » en général : la peur de reconnaître en lui les mêmes conditions d’exploitation que nous vivons jour après jour. En prendre conscience signifierait, simplement, reconnaître aussi un ennemi commun et cela est le premier pas àfaire pour comprendre de quelle coté se ranger. Telle est la plus grande peur de ceux qui nous gouvernent, qui alimentent la guerre entre les pauvres.

Quelques ennemis de toute frontière
15 janvier 2016

[Traduit de l’italien par nos soins de informa-azione.]


[1Centre d’Identification et d’Expulsion pour sans-papiers, l’équivalent des CRA français ; NdNF}

[2Sur son site, cet organisme humanitaire se présente ainsi : « Auxilium SocietàCooperativa Sociale gère et développe des services sanitaires et d’assistance sociale et éducative, promouvant l’humain et l’intégration sociale...  » ; NdT