Accueil > Articles > Solidarité internationale > Grèce : Le compagnon Giannis Michailidis s’est évadé de la prison de Tirynthe (...)
Grèce : Le compagnon Giannis Michailidis s’est évadé de la prison de Tirynthe !
lundi 17 juin 2019
« Lorsque je me suis retrouvé face à deux flics essayant de me voler ma liberté, j’ai cherché, en plus de m’échapper, à les exterminer physiquement. Ne soyez pas choqués, petites gens de la cour, car si la vie humaine a de la valeur, c’est en fonction de la liberté. Votre vie, celle des voleurs de liberté, a une valeur négative. Et dans mon système de valeurs, peut-être qu’un flic pourrait, sous conditions, être traité avec indulgence, mais chaque juge a une place au cimetière pour toutes les personnes qu’il a enterré vivantes.  »
[/Extrait de la déclaration de Giannis Michailidis au tribunal spécial de la prison de Korydallos, 2014./]
Nous apprenions ces derniers jours l’évasion le 7 juin dernier de notre compagnon Giannis Michailidis depuis la taule rurale de Tirynthe, au sud d’Argos, dans le Péloponnèse. Giannis est un compagnon que nous avons beaucoup suivi ces dernières années, notamment dans le cadre de l’affaire du double braquage de Velvento/Kozani, une affaire très instructive que ne connaissent peut-être pas les plus jeunes de nos lecteurs. Cette nouvelle a de quoi remplir de joie les cÅ“urs de tous ceux et toutes celles qui se battent contre ce monde carcéral.
Le compagnon s’était fait connaitre très jeune, au moment de son arrestation en 2011, accusé, lors d’une émeute, un jour de gréve générale devant le parlement grec (place Syntagma), d’avoir tiré des flèches sur les flics le protégeant à l’aide d’un arc, d’où son surnom, « l’archer de Syntagma  », immortalisé par quelques photographies et devenu légendaire.
Sans rapport direct, c’est en 2013 que Giannis sera arrêté de nouveau (et lourdement tabassé) dans la région de Velvento/Kozani, accusé d’un double braquage aux cotés des compagnons Nikos Romanos, Dimitris Politis et Andreas-Dimitris Bourzoukos (le 30 avril 2013 seront également arrêtés les compagnons alors fugitifs Argyris Dalios, Fivos Harisis, Giannis Naxakis et Grigoris Sarafoudis, tous ne seront pas condamnés pour les braquages (voir ici le détail du verdict, et là du verdict en appel).
Le compagnon évadé était donc sous le coup d’une première condamnation de 16 ans et 4 mois de prison ferme pour le double braquage, transformée en 11 années et 9 mois ferme en appel. Mais une seconde se rajoutera en 2015, lorsqu’il fut condamné à nouveau à 15 années de prison, accusé de complicité dans une fusillade avec la police le 18 mai 2011 à Pefki. Giannis a toujours refusé d’exprimer quoi que ce soit sur sa participation à cette affaire dans laquelle il a été lourdement condamné. Pour rappel, une patrouille de flics tentait de procéder à un contrôle de routine dans le quartier de Pefki à Athènes. Deux compagnons ont alors pris la fuite, les flics les ont poursuivis et peu de temps après les compagnons ont commencé à leur tirer dessus. Les flics ont répondu, Theofilos Mavropoulos (membre déclaré de la Conspiration des Cellules de Feu, Organisation anarchiste armée) a été blessé gravement par balle dans la fusillade et arrêté. Le compagnon restant (à l’identité toujours indéterminée), indemne, a réussi à s’enfuir au volant de la patrouilleuse, avec encore un flic dedans qu’il a jeté dehors quelques kilomètres plus loin.
Également accusé d’être un membre de la Conspiration des Cellules de Feu, Giannis rejettera toute appartenance à une Organisation, et signera par ailleurs un texte important (et courageux [1]), puisqu’il s’agit d’une critique de la Conspiration des Cellules de Feu écrite aux cotés du compagnon Dimitris Politis depuis la prison de Korydallos que nous avions également traduite [2].
Aux cotés de nombreux autres prisonniers, anarchistes ou non, il avait également participé très activement à la gréve de la faim massive qui visait à saboter la nouvelle loi sur les prisons de type C (nous conseillons à ce propos la lecture de « Toutes les valeurs de cette société sont des prisons de haute sécurité  », un recueil de textes et communiqués à propos de cette grande lutte contre les prisons de type C en Grèce chez Ravage Editions dont nous avions publié l’introduction). Il avait également participé en 2014 à la gréve de la faim victorieuse lancée par le compagnon Nikos Romanos, à qui l’on refusait alors des permissions pour étudier.
Il est plaisant d’apprendre également dans la presse grecque que les évasions sont à la hausse, provoquant une crise de l’Administration Pénitentiaire. Il y a peu, quatre détenus albanais s’étaient évadés du centre de transfert de Petrou Ralli après avoir pris l’arme d’un flic et tenu une autre en otage alors qu’ils tentaient de fuir avec une patrouilleuse. Trois d’entre eux ont été rattrapés depuis, un cours toujours. Bon vent à lui aussi donc.
Sans surprise aucune, la police a annoncé dans la presse que le compagnon était vivement recherché, nous lui souhaitons de profiter du moindre instant de liberté qu’il a su arracher à ce monde de merde, que la liberté lui soit douce, et que la légalité ne remette jamais les mains sur lui.
ΜΑΖΙ ΜΕΧΡΙ ΤΗΠΚΑΤΑΣΤΡΟΦΗ ΑΥΤΟΥ ΤΟΥ ΣΑΠΙΟΥ ΚΟΣΜΟΥ !
ΜΑΖΙ ΜΕΧΡΙ ΤΗΠΕΛΕΥΘΕΡΙΑ !
Vive l’anarchie.
[/ Quelques contributeurs de Non Fides. /]
Pour aller plus loin :
- Solidarité avec les compagnons arrêtés suite aux braquages de Velvento/Kozani (mot-clé contenant plus d’une trentaine d’articles sur l’affaire).
- Les textes du compagnon Giannis Michailidis traduits sur ce site.
- « Toutes les valeurs de cette société sont des prisons de haute sécurité  », Recueil de textes et communiqués à propos de la lutte contre les prisons de type C en Grèce – 68 pages – février-avril 2015.
- Lutte contre les prisons de type C en Grèce (mot-clé contenant plus d’une quarantaine d’articles sur le sujet).
- D’autres articles sont à lire en cliquant sur les liens dans le corps du texte.
[1] Étant donné le sort réservé à Giannis Naxakis par cette Organisation. Cf. Texte des prisonniers anarchistes de l’aile D de Korydallos à propos du tabassage d’un compagnon par l’organisation CCF, signé par Giannis Michailidis, Babis Tsilianidis, Andreas-Dimitris Bourzoukos, Dimitris Politis, Tasos Theofilou, Alexandros Mitroussias, Grigoris Sarafoudis, Giorgos Karagiannidis, Argyris Ntalios, Fivos Charisis
[2] Murs visibles et invisibles - une critique de la Conspiration des Cellules de Feu, Dimitris Politis & Giannis Michailidis, Prison de Korydallos, Novembre 2013.