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Dans le hall de l’hôpital...

lundi 25 juin 2012

Il est 11 h 15, vendredi 20 avril 2012. Une quinzaine d’individus hommes et femmes se retrouve devant l’hôpital Arnaud-de-Villeneuve de Montpellier, dans l’intention de disposer une banderole « Nos corps et nos vies nous appartiennent ! Ne laissons pas le pouvoir médical décider pour nous !  », d’installer une table de presse abordant la médecine et le corps et de distribuer la lettre « Mauvaise blague...  » , dans le hall. Par notre présence, nous perturbons l’ambiance « hall de gare  » où les patientes patientent et le personnel médical s’agite. Réaction immédiate, deux vigiles et un bureaucrate qui se présentent en tant qu’adjoint du directeur du CHU arrivent. Les blouses blanches nous observent de la coursive. Pour eux, il est hors de question de lire ici une critique du corps médical. Évidemment, ils menacent d’appeler la police. Après une demie-heure de palabres, nous replions et sortons du hall pour continuer la distribution devant. On est mieux dehors, les discussions et les rencontres sont plus faciles.

Il est midi et nous resterons làjusqu’àla fin de l’après- midi... 500 lettres sont distribuées àcelles et ceux qui entrent et sortent des services Naissance et Pathologie de la femme et Pneumologie. Le texte est largement lu et commenté autour de nous. Nous avons des discussions avec beaucoup de femmes, du personnel hospitalier mais aucun médecin. Que pensez- vous du message de la banderole ? Croyez-vous qu’à30 ans, on est en âge de faire des choix pour sa vie ? Pensez- vous qu’une femme puisse avoir une vie sans enfant ? Que pensez-vous du fait qu’un homme puisse accéder plus facilement àla stérilisation qu’une femme ? Nous sommes agréablement surprises par tous les retours, ou presque. De nombreuses femmes réagissent et se sentent concernées par ces questions : l’assignation des femmes àla reproduction, le poids du corps médical sur leur vie, l’infantilisation de celles- ci. Parmi tout cela, on entend aussi des propos eugénistes et racistes, sur la stérilisation des handicapées mentales ou des femmes musulmanes. Toutes et tous voient un rapport avec leurs propres vies et les langues se délient. Sans être vraiment informées sur la stérilisation, beaucoup sont choquées par le refus éthique de l’hôpital de pratiquer une ligature. Beaucoup nous encouragent.

Il est 17 heures, nous avons croisé des centaines de personnes. Nous avons apporté une réponse inattendue face au refus de pratiquer cette opération qui aurait dà» n’occasionner, selon l’administration, qu’une lettre inutile àla direction. Nous partons contentes bien que tout reste àfaire...

Extrait du Bulletin de Contre-Infos en Cévennes N°12.


Note : Ce texte est entièrement féminisé et évidemment inclut les hommes.