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Bure : Retour sur le procès du 19 mars [mis àjour]

mercredi 21 mars 2018

Dans l’après-midi de lundi 19 mars, trois personnes étaient appelées àcomparaître devant le tribunal correctionnel de Bar-le-Duc pour avoir résisté contre l’expulsion du Bois-Lejuc du 22 février dernier et l’intrusion armée des (500) gendarmes dans la Maison de la Résistance àBure, lieu d’organisation (parmi d’autres) de la lutte contre la poubelle nucléaire. D’eux d’entre elles ont fait une déclaration lors de leur procès (voir en fin d’article), sous haute surveillance des gendarmes.

Une femme, qui a refusé de se lever, de décliner son identité et de s’exprimer, a été condamnée àtrois mois de prison ferme et incarcérée. Le procureur Olivier Glady avait requis 10 mois de prison ferme dont 5 mois avec sursis et interdiction de séjour dans la Meuse. Elle est accusée d’avoir fait partie d’un groupe qui avait jeté des pierres, près du bois Lejuc, sur le véhicule d’un pépiniériste et de deux employés, ces trois personnes étant mandatées par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) qui porte le projet de stockage. Six autres personnes seront jugées pour ces faits ultérieurement.

La compagnonne Laura, qui était en détention provisoire depuis le 22 février, a, quant àelle, été condamnée àquatre mois de prison avec sursis pour rébellion lors d’une perquisition àla « maison de résistance  », àBure. Non assistée d’un avocat, elle a refusé de s’exprimer sur les faits.

Une autre personne, accusée d’avoir jeté un bidon d’essence enflammé en direction des gendarmes lors de l’expulsion, ce qu’il conteste, et d’avoir incendié le bivouac où il se trouvait, a été condamnée àhuit mois de prison dont cinq avec sursis avec une interdiction de territoire en Meuse et en Haute-Marne : le rendu a été accueilli par de vives protestations de la centaine de personnes venue en soutien : Tags sur les murs (visant notamment le proc’), tableau jeté àterre, toilettes dégradées, chaises et bancs de la salle d’audience renversés, poubelle vidée de son contenu sur le sol, alarmes incendie déclenchées et un buste de Marianne, symbole de l’autorité de l’Etat, jeté àterre et brisé. Dès le début de l’audience, l’hostilité envers les journaflics était palpable : les journaleux de l’Est répugnant ont été dégagés manu-militari
Le prévenu a reconnu avoir donné un coup de pied àun militaire, puis craché sur un second « par dégoà»t et mépris  » lors de son interpellation. « Je venais de perdre une partie de ma vie dans les flammes de cette cabane et dans les ruines de tous les lieux habités, rasés ce matin-là », a-t-il expliqué.

Les trois inculpé.e.s étaient également poursuivi.e.s pour avoir refusé de se soumettre au prélèvement ADN. Trois autres personnes, interpellées lors de la perquisition de la « maison de résistance  », seront jugées le 12 juin pour outrages et – ou – rébellion sur agent dépositaire de l’autorité publique.

[Résumé de la presse repris de Sans Attendre Demain.]


Ce Lundi 19 mars le théâtre de l’injustice était en représentation une nouvelle fois àBar, voici les déclarations de deux copaines qui comparaissait ce jour , l’un-e pour « faits de rébellion et refus de se soumette aux opérations de relevés signalétiques commis lors de l’expulsion du bois Lejuc  », l’autre pour « participation àun groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destruction ou dégradations de biens  » (si ça vous parait incompréhensible et ridicule c’est normal) :

Déclaration de L. (condamné à4 mois de prison avec sursis)

Mes amies, ma famille que j’affectionne,
Je me sens détachée de toute identité, n’en déplaise au procureur et àson « dieu  », je suis un être multiforme et une réalité complexe et donc irréductible àcet artifice.
Comme vous le savez la racine du mot a donné aussi idem, identique. Aucune identité ne peut me figer car je suis une réalité vivante et mouvante. INDISCERNABLE.
Je ne me défends pas aux yeux d’une institution dont je rejette l’autorité. Sur 1 acte, j’affine mes perceptions en me référant àmes propres critères, àmon vécu, àmon sens critique.
On se retrouve réunies ici (et je pense ne pas me tromper en disant ça) parce qu’on est àla recherche permanente de source de joie et de beauté.
Parce qu’on nourrit un lien intelligent, sensible et subtil au monde.
Et quand ce rapport est brutal, insensé, c’est un amas d’immonde, qu’on s’acharne àétaler.
Nos corps tiennent en cage uniquement par coercition.
Comme a dit Ibn Arabî , bien avant les premières chasses massives aux errants et aux sorcières,
« Sois toujours en vol, ne te choisis pas de nid déterminé, car c’est au nid que l’on capture l’oiseau  »
Quoiqu’il arrive, on continuera àpartager du pain avec les compagnon-nes àplumes.


Déclaration de Cristal Antem (condamné à3 mois de prison ferme)

Je suis CRISTAL ANTEM, CRYZ pour les intimes. Je n’ai pas d’autres identité àdonner.
Je ne représente personne si ce n’est moi-même. Rien ni personne ne me représente.
On va me demander si je souhaite être jugé aujourd’hui. OK, faites. Mais je ne participerais pas au procès.
Je rejette les codes/normes/règles/rôles du spectacle. Je ne serais ni acteur/collaborateur – ni martyr/victime – ni coupable/innocent.
J’espère que mes amis comprendront que je fais ce choix pour restez moi – même. Qu’iels ne m’en voudront pas pour cette absence imprévu et sà»rement trop longue.
Je ne me soumettrai pas moi-même au contrôle de l’Etat.
Je refuse de me défendre.


Cette déclaration fuit suivi du refrain d’une chanson reprise par la salle malgré les injonctions du juge au silence et Cristal a été sorti de la salle àce moment en continuant àchanter, la salle a continuer àfredonner la chanson après sa sortie ! « Ã‡a ne vaut pas la peine…  » (le refrain chanté dans la salle dure de 1:04 à1:44)

Cette déclaration fuit suivi d’ reprise par la salle malgré les injonctions du juge au silence et Cristal a été sorti de la salle àce moment en continuant àchanter , la salle a continuer àfredonner la chanson après sa sorti !

Cristal ferait donc sa peine de prison sans avoir donné son identité !

Cristal a souhaité rendre son numéro d’écrou publique si vous souhaitait lui envoyer des lettres ou lui rendre visite ! (ça permettra pour ielle que le temps soit moi long en prison et lui réchauffera le cÅ“ur)

Cristal Antem
n°ecrou : 14341
Centre pénitentiaire Nancy-Maxéville
300 rue de l’Abbé Haltebourg
54320 Maxéville

[Repris de vmc.camp.]