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Bruxelles : Occupation àAnderlecht contre la construction d’une maxi-prison

mardi 22 octobre 2013

Depuis ce matin vendredi 18 octobre 2013, l’ex-garage Renault est occupé àAnderlecht. Des milliers de tracts ont été distribués ce matin pour annoncer l’occupation, préciser pourquoi les gens se battent contre la prison et contre les projets pour réaménager les quartiers en grande prison àciel ouvert. Ils annoncent aussi le programme des trois jours àvenir.
Plusieurs grandes banderoles d’une dizaine de mètres sont accrochés : "Régime carcéral, rage viscérale", "brisons nos chaines", "Occupation contre la maxi-prison àHaren", "force et courage àceux et celles qui se révoltent" etc.

L’ex-garage Renault est vide depuis 3, 4 ans ou plus et des architectes ont de grands projets avec. Ça devrait être l’épicentre du réaménagement du quartier de Cureghem, qui dérange avec son bordel et son insoumission àla police.

Vers 14.30h, un premier flic en civil est repéré qui prenait des photos. Il est adressé et insulté par un passant. A peine une demie heure plus tard, deux voitures de police et une voiture blindée de flics en civils arrivent devant le lieu. Ils discutent, prennent des photos et lisent les affiches. Une vingtaine de personnes se trouve àl’intérieur.

Après quelques heures de présence policière devant le lieu, le garage a été expulsé par la police. Le jeune propriétaire costard cravate était présent aussi.
Les gens qui étaient àl’intérieur sont montés sur le toit aux cris de révolte et n’ont pas pu être contrôlé ni arrêté. Des fumigènes sont partis dans tous les sens.

Très vite dehors, des gens se sont rassemblés devant le lieu et aux alentours. Des projectiles (pierres, œufs) ont été lancés vers la police, qui est venue en nombre (4 fourgons, boucliers, 4 chiens-flics, un hélicoptère, 3 voitures, deux voitures blindées). Aucune arrestation n’a eu lieu.

WESH

Voici le verso du tract du weekend contre la prison :

Une nouvelle prison pour mater les révoltes...
Depuis plusieurs années, il arrive que des révoltes, des mutineries et des évasions réussissent àpercer des trous dans les murs des prisons. Cela n’est pas qu’une image. Des prisonniers rebelles ont pu démolir des infrastructures carcérales ou allumer des feux ravageant certaines parties de la prison, voire parfois des ailes entières. Ils ont pu avoir le courage de refuser de réintégrer les cellules après le préau ou de monter sur les toits pour marquer leur rage. Ces moments de révolte ne sont pas rien àvivre : le pouls s’accélère, la respiration devient plus profonde, il y a comme quelque chose qui a la saveur nouvelle d’une liberté enfin touchée du doigt. Certains ont beau dire que cela n’est pas utile, rien que pour retrouver ce goà»t, cela vaut le coup. C’est avec ce même goà»t àla bouche que certains refusent tous les jours de se plier aux petites volontés des matons et de se courber devant l’autorité.
C’est avec le même goà»t encore, qu’àl’extérieur également, certains passent àl’offensive : des manifestations aux attaques contre les entreprises qui font leur beurre sur l’enfermement ; du mitraillage de la porte de la prison de Forest aux bombes sur le chantier de la nouvelle prison àMarche ; des embuscades contre les matons aux solidarités diverses et variées ; de l’organisation d’évasions aux mutineries qui se prolongent en émeutes dans les quartiers. Tous ces actes, petits ou grands, viennent dire que les murs des prisons ne sont pas aussi solides qu’on voudrait le croire, et que ceux qui les tiennent se trouvent au coin de la rue.
Pour y faire face et enfermer encore plus de gens, l’Etat n’est pas resté sans rien faire et a prévu la construction de 13 nouvelles prisons. Certains chantiers sont déjàfinis, d’autres en cours, et d’autres pas encore commencés, le gouvernement cherchant encore des sites. A Bruxelles, le pouvoir ne veut rien de moins que construire la plus grande taule de Belgique. Le pharaon s’est emparé d’un carré de vert sillonné par le bruit incessant des avions et des trains, qui est situé sur le territoire de la commune de Haren, entre Evere et Schaerbeek.

… et jeter son ombre sur tous les autres àl’extérieur
Cette future maxi-prison est aussi un élément indissociable des plans plus généraux que les puissants sont en train de mettre en Å“uvre. Cela n’est pas une théorie. Ce sont concrètement les mêmes qui élaborent et construisent les nouvelles taules belges et qui se font du fric ici àBruxelles, àcoups de grands projets immobiliers, de résidences standing ou de sites artistiques pour bourgeois branchés en mal de sensations. Et pour nous, le Bruxelles d’en bas, c’est toujours plus la galère : des loyers toujours plus chers, des allocations plus petites et arrachées avec toujours plus de mal, des salaires plus bas et des conditions de travail plus dures, des lois plus répressives, etc… Il faut le dire sans détour : nous faisons tâche dans l’image que Bruxelles, capitale européenne, aimerait bien renvoyer. Elle se doit d’être une ville sà»re et propre, peuplée de bourges bien obéissants. Alors, il n’y a qu’ànous chasser plus loin ou nous avoir toujours àl’œil grâce àun contrôle accru. Et si nous dépassons trop de limites, le pouvoir a tout prévu : la nouvelle maxi-prison àHaren pourra enfermer au moins 1200 personnes !

Est-ce qu’on va se laisser faire sans réagir ? Il est grand temps d’aller montrer un peu de quoi on est capables àceux qui sont derrière la construction de la maxi-prison àBruxelles et font que cette ville ressemble de plus en plus àune taule. Si ce n’est pas difficile de trouver les responsables de cette vie enchaînée qui se trouvent partout dans la ville, c’est en revanche plus délicat de ne pas se laisser contrôler par un quelconque petit chef, de ne pas se laisser représenter par un quelconque parti, de ne pas se laisser dicter un message tout fait. Il n’y a pas de recette, mais beaucoup de voies sans issue. C’est en partant de soi et de ses proches pour lancer l’offensive, c’est en combattant radicalement le pouvoir pour s’organiser avec d’autres qu’en chemin, on retrouvera peut-être cette saveur si unique de la liberté.

Alors, n’hésitez pas àpasser au week-end contre la prison àl’ex-garage Renault, place Albert. Parce qu’on ne veut pas que le pouvoir vienne mettre ses limites ànos révoltes, on a pris ce lieu sans lui demander sa permission. Nous y invitons toutes celles et tous ceux qui ont envie que ce soit une occasion de passer un moment ensemble, de discuter et de se rencontrer afin de lutter sans frein contre la prison et ce monde qui n’en a que trop besoin.

Ni maxi-prison àBruxelles, ni nouvelles prisons ailleurs, nous ne voulons tout simplement pas d’une vie enfermée entre quatre murs.

Dehors aussi, nous en avons marre de la multiplication des uniformes et des caméras, du renforcement du contrôle et du durcissement de nos conditions de vie. Cette vie finit aussi par ressembler de plus en plus àl’univers d’une prison.

Nous ne voulons tout simplement pas rentrer dans leurs cases taillées àla mesure d’un monde qui joue la partition des riches et des puissants, sert les intérêts des eurocrates et des patrons, d’un monde qui ne tourne que pour le fric et le pouvoir.

[Repris de LaCavale.be.]