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Val Susa/Turin : Délateurs, politicards et pompiers !

mercredi 4 février 2015

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Nous avons lu ces quelques lignes : « Delazioni e compagni di strada  » [« Délations et compagnons de route  » ; NdR], où des non mieux identifiés « Â camarades avec un pied dans l’hexagone  » écrivent, àpropos de Non Fides, que « Â c’est exactement ce site qui a commencé la malheureuse pratique de la délation au sein du mouvement no-tav  ». Cela, àleur avis, àcause du texte « Â L’ennemi interieur au Val di Susa  », publié le mercredi 31 octobre 2012.

Bon, pour commencer, la palme pour avoir publié en premier ce texte ne nous revient malheureusement pas. Cette énième dénonciation des pratiques autoritaires de l’Askatasuna a tourné via mail, a été publiée de façon anonyme sur Indymedia Grenoble et aussi ailleurs avant de l’être sur Non Fides. D’ailleurs, un « Â autonome turinois  » a répondu aux critiques contenues dans ce texte en les attribuant àun autre des sites l’ayant repris. On comprend que tout le clan de l’Autonomie-Contrepouvoir turinois soit énervé àcause de la mauvaise image donnée par la délation sur le site notav.info, mais allez, au moins, mettez-vous d’accord entre vous...

Mais entrons dans le vif du sujet. Selon ces « Â camarades  » (de l’Aska), le texte en question serait « assez problématique [car] on y dit clair et net que c’est le centre social Askatasuna “et leurs amis†qui auraient organisé l’attaque au chantier du 31 aoà»t 2012, en gérant attaques et retraites. Il s’agit d’un texte qui porte des accusations précises d’une certaine importance pénale et qui n’a jamais été corrigé.  »

Comme l’a déjàdit, avec raison, un autre lecteur d’Indymedia Piemonte, cela fait partie du domaine public que la gestion de ce campement-là(aoà»t 2012), y compris les « Â assauts  », était dans les mains des autonomes. Et que beaucoup des personnes qui ont attaqué le chantier la nuit du 31 aoà»t 2012 sont ensuite rentrées au campement, cela a été dit aussi par Cosimo Caridi, journaliste de Il fatto quotidiano qui a été invité justement par les autonomes (voir ici, à2 minutes).

Mais continuons. On imagine que le passage auquel font référence les petits amis de l’Aska n’est pas l’un des nombreux passages où il est dit que ce campement-là, comme trop d’autres, a été géré de façon autoritaire précisément par eux, sous couvert des “comités†ou des “assemblées†. On pense qu’ils font référence plutôt àcelui-ci : « Â Les flics n’ont pas eu àintervenir, des léninistes du camp ont fait la police eux/elles-mêmes, àcoup de "arrêtez, nous n’avons pas de masque àgaz", "le 31 aoà»t oui mais pas aujourd’hui, ça n’était pas prévu", "le 31, nous attaquerons massivement les flics mais pas maintenant"  ». Ou bien àcelui-ci, peu après : « Â Rendez-vous était donc donné pour le 31 aoà»t pour attaquer le camp du Tav. […] De fait, vers 22H une dizaine de flics bloquaient les sentiers qui mènent àleur camp. Une "assemblée" spontanée s’est réunie pour décider de la marche àsuivre. Celle-ci consistait àvenir prendre les consignes auprès des chefs plus qu’àdécider de manière collective ce qu’il fallait faire. On a donc fait marche arrière pour se faire balader encore 2H dans les montagnes dans d’inutiles détours et allers-retours pour finalement revenir au point de départ. Une attaque du camp de flic s’est enfin mise en place et a permis de faire tomber une quinzaine de mètres de barrières, de caillasser et de mettre le feu àdeux blindés canons àeau. Au bout de 20 min, alors que les flics reculaient, on ne sait trop qui a déclaré que l’action était finie et qu’il fallait repartir. Le chant de retrait ("on vient ensemble, on repart ensemble") a été entonné, tout le monde a alors quitté la zone de front pour reprendre la randonnée nocturne. Pourquoi être parti au bout de seulement 20 min ? D’habitude les affrontements pouvaient durer plusieurs heures. Tout porte àcroire que les communistes ont eu peur de ce qu’ils/elles n’avaient pas prévu, de ce qu’ils/elles ne contrôlaient pas et ont de ce fait précipité le retrait du cortège.  »

Le(ur)s camarades avec un pied dans l’hexagone maintiennent que ces passages seraient importants d’un pont de vue pénal. En effet, ils pourraient avoir une certaine valeur dans un tribunal : ce seraient des attestations de bonne conduite. La prochaine fois qu’un militant de l’Askatasuna sera jugé àla suite d’affrontements en Val Susa, nous conseillons àl’avocat d’apporter ce texte au tribunal comme preuve de la non-volonté de nuire de la part des autonomes turinois. Parce que dans ces passages il est écrit que, comme tant d’autres fois en Val Susa comme àTurin, les petits-chefs de l’Askatasuna ont agi en pompiers. Ils ont baladé les gens, ils leur ont fait couper quelques mètres de grillage, histoire de faire faire quelques jolies prises de vue àleur amis de Il fatto quotidiano et après, tout le monde rentre chez soi ! ("On vient ensemble, on repart ensemble", ouais !) Une fois de plus, comme tant d’autres parler avec la Digos lors des manifs, pour négocier le parcours des cortèges, quoi faire et quoi ne pas faire.

Les auteurs de « Â Delazioni e compagni di strada  » écrivent que le texte « Â L’ennemi intérieur au Val di Susa  » n’a jamais été corrigé ni enlevé de Non Fides. Non, et jamais il ne le sera. Parce qu’il y est dit une partie de ce que vous êtes, àl’Askatasuna : des politicards et des pompiers. Une grosse partie de votre parcours, en Val Susa et ailleurs, ainsi que, last but not least, votre communiqué de kékés en réponse aux justes critiques à« I burabacio  » fait voir que vous êtes des autoritaires. Et le reste est dit dans « Â I burabacio  » lui-même : vous êtes des pompiers, et aussi des délateurs. Voilàtout.

Quant aux « Â camarades avec un pied dans l’hexagone  », nous leur conseillons une vidéo intéressante : « Spécial Investigation - Europe : l’insurrection qui vient ?  », faite par le journaliste Thierry Vincent pour Canal + (qu’on peut voir ici). En bon journaliste visqueux (mais de gauche, lui aussi !), Vincent essaye de se faire des amis parmi des « Â militants de l’ultragauche  » dans différents pays d’Europe, afin de les interviewer, en filmer leurs exploits, etc. Parmi d’autres bassesses, on le retrouve le 8 décembre 2012 àla Clarea. En compagnie d’un jeune naïf qui s’est fait embobiner ? Pas du tout. Le journaliste échange commentaires et sourires avec quelques-uns des petit-chefs de l’Aska. Un « Â militant d’extrême gauche  » àboucles et lunettes l’emmène par la suite visiter la Credenza, pour finir avec une belle interview précisément àl’intérieur de l’Askatasuna.
Nous conseillons cette vidéo aussi àceux qui ne parlent pas français : ce qui y est dit ne sont que des balivernes, mais il est bien de se souvenir de certains visages, certains visages àcôté de ceux des journalistes.

Enfin, encore une fois, l’important pour nous n’est pas de nous adresser àdes politiciens, àdes amis de journalistes et magistrats, àdes pompiers et délateurs. Comme cela était déjàle cas avec la note introductive ૠ Les gentils de Noë l  », nous voulons nous adresser aux compagnons anarchistes, en particulier aujourd’hui àceux qui participent àla lutte No TAV. Cela nous a fait plaisir de lire des prises de position claires et fortes, dans lesquelles nous nous reconnaissons. Malheureusement il y en a aussi qui cherchent àménager la chèvre et le chou, en déplorant pas tant le « Â dérapage  » dans la délation que le fait que celle-ci et les réponses àson sujet aient volé du temps àdes discussions sur des « Â choses plus importantes  ». Nous espérons que la discussion àpropos de ces « Â choses plus importantes  » ne fait pas passer àl’arrière-plan l’opposition face aux politicards, autoritaires et délateurs de toutes les couleurs, y compris rouges. Et, encore une fois, répétons-le : que les anarchistes choisissent leur camp, sans ambiguïtés. Nous l’avons fait.

Des participant.es àNon Fides.


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