Accueil > Articles > Sciences, technologies mortiféres et industrie > Seveso : Les usines de mort dans la métropole toulousaine
Seveso : Les usines de mort dans la métropole toulousaine
vendredi 11 octobre 2019
Après la catastrophe de Lubrizol à Rouen nous avons voulu faire un point sur l’état du désastre industriel dans l’agglomération toulousaine. A moins de 50 kilomètres de Toulouse, il y a vingt sites Seveso, dont treize classé « seuil haut  ». Ce sont des sites de l’agro-industrie, des usines de produits chimiques, des sous-traitants d’Airbus, des dépôts de carburants, etc. Nous vivons à côté et nous avons voulu les rendre visible pour mieux les voir disparaître.
Dix-huit ans après l’explosion d’AZF à Toulouse, l’usine Lubrizol à Rouen est détruite dans les flammes, laissant s’échapper un épais nuage de fumée noire de plusieurs kilomètres qui surplombe la ville et la campagne normande. Il pleut de la suie et les odeurs nauséabondes se répandent dans la métropole. « Tout va bien  » répète en boucle l’État.
Tout va bien, malgré les eaux noires, les vomissements et les malaises. Tout va bien, malgré les 5253 tonnes de produits chimiques brà »lés. Tout va bien, malgré les arrêts maladies qui se multiplient, les résultats d’analyse qu’on refuse de rendre public et les habitant·e·s qui quittent la région.
Bien loin de l’incendie, depuis Toulouse, nous comprenons l’inquiétude de celles et ceux qui vivent sous le tracé de ce nuage de mort, d’autant plus que cette saleté d’industrie a pété ici aussi, que c’est arrivé près de chez nous. Depuis, il n’y a pas grand-chose qui a bougé : ici comme ailleurs, on fabrique et on entasse des tonnes et des tonnes de produits toxiques. En attendant la prochaine explosion, le prochain incendie, le prochain « nuage toxique mais pas trop  ».
Toutes ces années ont passé et pourtant lorsqu’il s’agit d’industrie, on est toujours dans le flou le plus total. Combien sommes-nous à habiter à deux pas d’une bombe potentielle sans même le savoir ? D’ailleurs, dans cette usine, là , avec sa cheminée et ses silos, qu’est-ce qu’on y fabrique ?
Nous avons voulu faire un point sur l’état du désastre dans l’agglomération toulousaine. Pour ça, nous avons listé tous les sites Seveso à moins de 50 kilomètres de Toulouse. Il y en a vingt, dont treize classé « seuil haut  ».
Nous ne sommes aucunement des expert·e·s et l’objectif de ce recensement vise avant tout à se faire une idée de l’ampleur des risques qu’on encourt au quotidien. Souvent, les informations sont difficiles à trouver, le secret règne en maître lorsqu’il s’agit de l’industrie et nous serions ravi·e·s si des informations complémentaires étaient apportées.
Enfin, l’exposition médiatique que gagnent ces discrètes usines Seveso lorsqu’elles disparaissent dans un concentré de désastre ne doit pas nous faire oublier la banalité des lieux dangereux nécessaire à notre civilisation industrielle (sites nucléaires, barrages, risque industriel hors-Seveso, transport de matières dangereuses). Le travail tue, l’industrie aussi.
Les « seuils  » de dangerosité ne servent d’ailleurs qu’à nous faire accepter les expositions quotidiennes aux risques. Parce que le cancer tue lentement, on a choisi d’autoriser les industriels à nous empoisonner. En France, 2,6 millions de travailleurs et de travailleuses sont exposé·e·s quotidiennement à divers cancérigènes et la négociation autour des seuils n’est qu’une façon de nous faire oublier l’essentiel : ces gens nous exploitent et nous tuent.
Les usines de mort doivent fermer, pour commencer.
À la vie, mort au capital !
À bas le travail !
La suite (carte, liste d’entreprises et détails) à lire ici..
A lire également :
- Toulouse nécropole (Nouvelle édition corrigée)
- Pour les catastrophé-es de Lubrizol quelques bribes de mémoires de la catastrophe d’AZF
- Voir les documents AZF numérisés par le CRAS et le Dossier CRAS AZF : Du 21 septembre 2001 au 21 septembre 2002
- Il n’y a pas de catastrophes naturelles
- Si tu veux être heureux brà »le ton usine (tract de novembre 2010)
- Contribution à la critique du catastrophisme