Accueil > Articles > Repression et oppression > Paris : 112 heures de garde à vue et 6 semaines de préventive pour deux (...)

Paris : 112 heures de garde àvue et 6 semaines de préventive pour deux compagnon-ne-s

samedi 17 octobre 2015

Dimanche 12 octobre 2015, àBagnolet, deux compagno·ne·s se font alpaguer par une voiture de keufs sérigraphiée sans que l’on ne sache les raisons qu’ils se sont imaginés. Sur-excités, les flics ne supportant pas qu’on puisse les ignorer, tentent un contrôle d’identité. Pas de résignation, les flics utilisent la force et les emmènent au commissariat, passage àBobigny devant l’OPJ de nuit puis retour àBagnolet. Garde àvue sous le prétexte d’outrage et rébellion.

Après 48 heures de garde àvue, transfert vers le dépôt du TGI de Boboch’. L’équipe de transport de keufs va intimider et mettre leurs menaces a exécution. Dans la voiture quand ils sont plus nombreux, planqués, que les copin·e·s sont menottées et la flicaille armée, les insultes pleuvent, la copine est étranglée avec la ceinture, des coups sont portés. Les flics arriveront a gratter quelques jours d’ITT, et les copin·e·s entreront au dépôt après 4h àl’hôpital avec blessure au nez, contusions àla pelle et 8 points de sutures sur le crâne.

Après 20 heures de dépôt, comparution immédiate. Levez-vous ! Tenez-vous droit ! Ne vous tenez pas la main. La juge, avachie qu’elle était, monopolise la parole, raconte sa vie, évoquant son passé de sale prof. Personne n’est intéressé, les compagnon·ne·s cherchent àen placer une. Elle n’accepte pas qu’on ose parler sans demander la parole, ou qu’ielles refusent de répondre àses questions intrusives. « Heureusement que tout le monde n’est pas comme vous » , assène la juge, marquant ainsi les difficultés que lui pose le refus de collaborer des compagno·ne·s. Au cours de l’audience, qui n’a pas porté sur le fond mais sur les conditions du report*, la juge reconnaît que le dossier est vide, mais désire tout de même punir. La lecture des chefs d’inculpation montre la mauvaise foi des flics ; les compagnon·ne·es ne sauraient comparer le boulot des putes au sale boulot de flic. Doutant de l’identité des accusé·e·s, l’un refusant de donner son nom, l’autre n’ayant pas de papiers d’identité, et sous prétexte de non-réponse àses questions la juge refuse de regarder les garanties de représentation, balaie les certificats médicaux et renvoie l’affaire au 25 novembre, envoyant en détention préventive àFleury l’une des accusé·e·s. L’autre, « X », suite àun vice de procédure (les vingt heures maximales censées séparer la fin de la garde àvue et la présentation devant un magistrat), est libéré par la juge, qui expliquera que « cela montre que la justice est juste ». En vrai, les flics en ont décidé autrement et dans un moment de pagaille dans la salle d’audience, les personnes présentes apprennent par les accusé·e·s que les flics vont ré-arrêter le copain àsa sortie. La juge décide d’évacuer une partie de la salle, qui se fait entendre en protestant contre la justice, la juge et les flics. Ça n’a donc pas manqué, àpeine passé le portail les flics kidnappent « X » une nouvelle fois, rebelote 48 heures de GAV au commissariat de Bagnolet.

Dehors, il est très difficile d’avoir des informations sur le gardé àvue, (qui malgré ses demandes de voir un avocat n’y aura pas accès) et, après un tour infructueux des commissariats du 93, un rassemblement est appelé le soir-même devant le commissariat de Bagnolet, où les deux copin·e·s avaient été emmené·e·s initialement. Une flopée de flics l’attendait, ils déboulent gazeuse àla main et contrôlent les 20 personnes présentes sous prétexte de vigipirate àquelque mètres du commissariat. Le sale commissaire vient annoncer au groupe que « X » est bien en garde àvue au comico et que si l’on veut s’en plaindre, il y a des formulaires. Le rassemblement aura permis d’avoir une info « officielle », et les flics ont été bien forcés de constater que « X » n’était pas isolé. Le lendemain, à16 heures, un autre rassemblement est organisé. Encore une fois, le dispositif policier est ostensiblement disproportionné, civils, renseignements, équipe d’intervention font face àune dizaine de personnes solidaires. Le commissaire de jour dira que « X » va être déféré dans la soirée et passer en comparution immédiate le lendemain. En réalité, il sera juste emmené au commissariat des Lilas pour la nuit, où il croisera les flics, soi-disant blessé·e·s, se pavanant toujours dans leurs dégueulasses fonctions, les keufs craignant du bordel àBagnolet.

Le lendemain, à13 heures au tribunal, ni les renseignements généraux, ni les flics du tribunal, ni le procureur, ni la greffière, ni les avocats ne veulent dire où se trouve le copain. Grâce àquelques indiscrétions, on apprend qu’il ne sera pas jugé aujourd’hui, et qu’il pourrait sortir avec une convocation dans l’après midi. La quarantaine de personnes solidaires se rend au commissariat de Bagnolet, d’où « X » sortira après 112 heures aux mains des flics avec deux convocations « sous X » pour deux procès. Le premier pour outrage, résistance violente et refus de se soumettre àdes relevés signalétiques, le 25 novembre, àla même audience que la copine, alors même qu’il en a été sorti pour vice de procédure, et un second, pour avoir commis des violences sur trois dépositaires de la force publique, le 25 janvier 2016.

Les flics et la justice essaient de briser les individus qui n’acceptent pas leur autorité, qui sabotent leur travail en refusant de donner les informations qui permettent a cette machine de fonctionner.

Parce que chaque contrôle est une intrusion insupportable, que chaque jugement est inique, nombreuses sont celles et ceux qui se rebellent au quotidien contre la police et la justice. Pour se montrer solidaire, diffusons ces histoires, organisons-nous pour briser l’isolement que la répression appelle, sabotons les rouages de la machine judiciaire et policière et attaquons tout ce qui rend possible le contrôle, la prison, la répression et son monde.

Liberté pour toutes et tous !

contact : 12octobre@riseup.net

[Repris d’Indy Nantes.]