Accueil > Articles > Repression et oppression > Madrid : Quelques considérations sur les nouveautés de la vidéosurveillance (...)

Madrid : Quelques considérations sur les nouveautés de la vidéosurveillance àVallekas

lundi 26 février 2018

Le 16 février, le rapport présenté par la Direction générale de la police de Madrid pour l’installation de vidéosurveillance dans plusieurs zones de Vallekas, en particulier àproximité de Puente de Vallekas, a été rendu public. Tel que rapporté par El Salto Diario, l’installation de ces 25 caméras transformera Puente de Vallekas en une belle promenade où l’Etat et ses mercenaires contrôleront ce qui s’y passe 24 heures par jour. Ce rapport a été présenté àla demande du Conseil de District avec àsa tête le Sénateur Paco Pérez (un conseiller d’Ahora Madrid [1], surprise ?) et est l’aboutissement d’une campagne médiatique qui a appelé àl’augmentation de la présence policière dans le quartier avec l’excuse ancienne et répétée de la délinquance, cette fois mettant l’accent sur des opportuns « gangs de narcotrafiquants ».

Des journalistes, des politiciens (de toutes sortes), des agences immobilières et des entreprises unissent leurs forces pour faire de Vallekas une zone contrôlée et militarisée par la police (en patrouille ou en civil), où la seule la logique est basée sur la consommation, où la spéculation capitaliste chasse les pauvres de leurs foyers. Les occupations et toutes les pratiques qui cherchent la subversion des relations de domination actuelles et menacent la normalité démocratique sont mises en échec. Ce processus, que certains ont appelé gentrification, bien que pour d’autres ce ne soit qu’un nouveau réajustement de la ville capitaliste et de ses quartiers selon les intérêts de l’État et du capitalisme, n’est pas unique ou spécifique àVallekas. àdes rythmes différents. Le processus de spéculation capitaliste expérimenté àMalasaña, Lavapiés, Tetuán, Carabanchel et Vallekas conjugue deux intérêts importants : celui strictement économique via la spéculation immobilière, et le contrôle social par le renforcement de la présence des sbirres de l’État et l’utilisation de la technique et de la technologie au service des intérêts du pouvoir.

Une autre question qui ne devrait pas passer inaperçue est l’accent mis sur les gangs de narcos. Tout d’abord, il faut souligner que le trafic de drogue n’est qu’un cadre pyramidal international qui implique non seulement les entrepreneurs sans visage étiquetés « narcos », mais aussi les services de police, les gouvernements, les politiciens … En raison de leur nature illégale, les marché international fortement pénétré par des rythmes capitalistes les plus violents, qui laissent derrière eux d’innombrables processus et niveaux d’exploitation dans sa chaîne de production et de distribution.

Ce contexte général du marché de la drogue a néanmoins ses propres caractéristiques àVallekas où il est utilisé comme bouc émissaire (ou argument fallacieux ? ndT) par les médias pour justifier la répression et la spéculation. Ce processus de légitimation des forces répressives est toujours présent, Etat qui nous soumet, et trouve dans un quartier comme Vallekas une merveilleuse accroche avec la question de la drogue. Dans la mémoire collective du quartier il y a les années d’héroïne, la génération perdue et les ravages qu’elle a causés parmi les enfants des classes laborieuses. Ce fait ne peut jamais être séparé du contexte dans lequel il a eu lieu : un État espagnol sur le train européen, pendant les années de l’implantation du nouveau régime démocratique, avec une conversion industrielle féroce qui a conduit àla ruine et la misère de millions de gens. La drogue a joué un rôle clé en tant qu’outil de contrôle social contre une génération qui a été contrainte àla misère. Par conséquent, l’implication de la police et des dirigeants politiques dans tout l’État dans le trafic de drogue ne devrait pas être surprenante. Loin d’être une exception, c’est une pratique normalisée, bien établie dans les forces policières du monde entier. Le démantèlement définitif du mouvement ouvrier, le rôle du syndicalisme dans le nouveau capitalisme conciliant et démocratique et le renforcement des mécanismes de pacification et d’intégration sociale ont fait le reste.

L’Etat sait toucher les cordes sensibles, gérer les peurs et construire un concept de sécurité en fonction de ses intérêts de contrôle et de domination. Et si en cours de route, il est possible de virer le squat, une pratique d’action directe qui met en échec l’un des piliers du capitalisme, la propriété privée, alors allons-y.

L’idée est de mettre l’accent ailleurs que sur l’exploitation quotidienne àlaquelle nous sommes soumis. Pour que nous ne détestions pas notre patron qui nous vole nos vies dans ce qu’ils appellent le travail, de sorte que nous soyons soumis àl’esclavage salarié avec la menace du chômage et de la pauvreté comme seules alternatives. Persécutant d’autres personnes exploitées, comme nous, àcause de leur statut de migrant, dans les contrôles racistes àl’entrée du métro, ou alors ils meurent abattus et noyés par des balles en caoutchouc dans le détroit. Leurs guerres, leurs armées, leurs drapeaux. Alors que nos vies sont dominées par l’obéissance, par la délégation des politiciens professionnels, en votant de temps en temps. Alors que les prisons et les postes de police continuent àvoler des vies àcause de la misère que le système génère. Alors que nous devenons complètement dépossédés de nos capacités et que notre autonomie déjàdiminuée est de plus en plus réduite. La destruction du territoire et de la terre. Alors que nous oublions tout et que notre seul problème soit les gangs de narcos et la solution … la solution qui nous est donné l’Etat et ses institutions, leurs représentants, leurs porte-parole et leurs laquais.

Sachant tout cela, nous avons des armes très claires que nous pouvons utiliser. Action directe contre leurs caméras et la police. Action directe contre leurs représentants politiques, appelés Partido Popular [2] ou Ahora Madrid. La guerre contre les mafias qui tirent profit sur la mort et un moyen de contrôle comme la drogue ne peuvent jamais oublier la guerre contre l’Etat, car elles sont deux façons de faire la même chose : générer un contrôle et une soumission, leur confrontation apparente n’est que monopole sur la violence. Créer des points de rupture, des brèches et des confrontations contre les projets de restructuration capitalistes àtravers la mise en Å“uvre de la solidarité et de l’entraide mutuelle. Passer àl’action ici et maintenant, sans demander la permission de personne ou le wating pour n’importe qui.

Guerre au contrôle social !
Vive l’anarchie !

[/ Des anarchistes de Vallekas. /]

[Traduit de Contramadriz par Article 13.]


[1Un parti politique populiste de gauche.

[2Un parti politique conservateur de droite.