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Athènes : Vengeance pour Zak, tué par les citoyens-larbins de la propriété privée

dimanche 30 septembre 2018

[brun]NdNF  : Nous ne mettons pas de liens vers les vidéos ignobles en question, relayées par la presse en dépit de leur violence inouïe (la mort par le lynchage). Ces vidéos n’ont selon nous pas àêtre relayées par les compagnons et les camarades. La vérité nous la connaissons déjà, vidéo ou non, et la Justice, elle est et sera toujours notre ennemie. Vive la reprise individuelle et longue vie aux « coupables  » de ce monde, et pour finir, guerre àcelles et ceux dont l’« innocence  » est intrinsèque ! Car ce sont des lyncheurs...[/brun]

Le vendredi 21 septembre tourne l’information d’une mort en pleine journée et en plein centre-ville d’Athènes. La nouvelle tourne très vite : « un cambrioleur meurt pendant le cambriolage  ». Une mort accidentelle. Pas question d’assassinat et pas question d’assassin. Les faits ont été filmés et diffusés sur youtube et les chaînes télé peu après. Les vidéos nous permettent de voir cette mort se dérouler en boucle devant nos yeux. Une personne est morte par lynchage. C’est violent.

On essaye de nous faire croire que l’homme était armé et agressif, qu’il est mort àcause d’une vitre qu’il a cassé lui-même, que les personnes qui l’ont agressé défendaient leur gagne-pain. Mais on n’est pas dupes.

Si l’on prend le temps de visualiser ces séquences violentes, on distingue un homme àl’intérieur d’une bijouterie. Cet homme tient àpeine debout. On nous confirme assez rapidement qu’il s’agit d’une personne dépendante aux opiacés et sous leur effet àce moment-là. On comprend aussi qu’il est enfermé et essaye de s’échapper àl’aide d’un extincteur qu’elle n’arrive même pas àporter, et encore moins às’en servir pour casser la vitre. Il est faible. Il se déplace vers un autre endroit en bas de la vitrine, et làdeux hommes cassent la vitre àcoups de pied et continuent alors que l’homme est accroupi par terre. Cela fait que ces coups étaient portés àtout son corps, tête y comprise. Un des deux agresseurs, que l’on apprend être le propriétaire du commerce, lui donne un coup de pied sur la tempe de sorte que la tête s’éclate sur le trottoir. Quelques passants en profitent pour donner des coups aussi.

Sur la deuxième vidéo, on voit que l’homme se relève et réussi às’enfuir. On nous dit qu’il a un bout de vitre àla main. Il n’attaque personne, ses agresseurs non plus. Il est en panique. Il essaye de quitter les lieux en se prenant dans les chaises et les tables du bistrot d’en face. La police est sur place. Un coup de matraque dans le dos pour le "maîtriser". Il reçoit encore un coup dans le dos par un passant. La police souhaite le menotter. Les ambulanciers l’attachent sur la civière. On apprend qu’il meurt sur le chemin pour l’hôpital.

Pendant que les médias racontent des bobards et essayent de nous faire voir autre chose dans ces vidéos de bonne qualité, l’identité de la victime commence àse dévoiler, d’abord sur les réseaux sociaux. Il s’agit de Zak Kostopoulos. Une « salope Drag Queen séropositive  », comme il se présentait, un activiste LGBTQI largement apprécié par des personnes d’horizons différents. Zak avait toujours assumé haut et fort son identité et militait contre la marginalisation des personnes LGBTQI et contre l’exclusion sociale des dépendant.e.s aux opiacés.

Sur les réseaux sociaux ça ne s’arrête pas : de plus en plus de messages d’adieux, de mots d’amour, des envies de justice [sic] pour Zak. De collectifs ou individus LGBTQI, des groupes politiques, de personnes proches, moins proches ou simplement outrées, des journalistes de gauche ou libéraux. Même un lieutenant de police, chargé du Département contre les violences racistes s’est pressé àexprimer ses condoléances et demander que justice soit faite ! Ainsi le « cambrioleur prétentieux  » est devenu le « cambrioleur malheureux  ».

Des actions ont lieu dans de nombreuses villes en Grèce. À Athènes, où Zak a été assassiné, une manif spontanée de 400 personnes s’est dirigée, samedi 22 le soir, vers la bijouterie en question. L’entrée de l’étude de l’avocat de l’agresseur est taguée, tout comme le trottoir devant la bijouterie où l’on peut lire "assassin".

samedi 22 septembre, Athènes

Comme d’habitude, il y en a qui doivent se défendre. D’abord les assassins de Zak mais avec eux toute une société toxicophobe, homophobe, transophobe, raciste et tout ce contre quoi on lutte. L’un des deux agresseurs principaux, le monsieur au t-shirt rose propriétaire de la bijouterie, est arrêté et accusé pour lésion corporelle grave (délit) et lésion corporelle mortelle (crime). Il n’est pas question d’homicide. Son avocat soutient que son client aurait empêché, àl’aide des passants, le cambrioleur de sortir de la bijouterie en attendant la police qu’il avait appelé auparavant. Il explique que Zak ne serait pas mort des coups mais il se serait blessé des bris de vitre en essayant de s’enfuir (puisqu’on le voit sortir vivant d’entre les pieds de ses agresseurs).

Des émissions télé lancent des sondages en demandant au public de se positionner : les agresseurs ont-ils bien réagi ? On se croit dans Black Mirror.

Lundi 24, l’autopsie tant attendue précise que la cause du décès ne peut pas être précisée. En tout cas pas pour le moment. Selon les médecins légistes, le corps de Zak porte des lésions mais elles ne justifient pas àelles seules le décès. Ils procèdent àune autopsie toxicologique et àdes prélèvement de tissus. Il y en a qui mentionnent un Å“dème crânien d’origine inconnue. Dans tous les cas, les médecins légistes ont besoin de temps supplémentaire pour définir la cause du décès (et nous annoncer probablement que Zak consommait des opiacés !).

L’agresseur propriétaire de la bijouterie devait passer devant le juge d’instruction le mardi 25 au matin, mais cela a été repoussé pour le lendemain. Le deuxième agresseur, recherché depuis vendredi, s’est rendu àla police, avoue les faits et soutient avoir participé àempêcher Zak de sortir de la bijouterie parce qu’il aurait vu qu’il était armé d’un couteau.

On tournait autour du pot ces derniers jours mais le mot « autodéfense  » est enfin entendu ! Ou plutôt lu sur des tracts éparpillés devant la bijouterie par un groupuscule d’extrême-droite : « L’autodéfense n’est pas un crime. C’est un instinct  ».

Tout va très vite ces jours.

On sait que la Justice n’est pas justice [sic]. Que des citoyens « honnêtes  » se réjouissent que Mr Tout-le-monde a pu défendre son gagne-pain et tuer le « vrai criminel  ».

On sait, on sait.
On s’organise.
Les actions ne sont pas prêtes de s’arrêter.

« Les assassins de Zak ne sont pas que deux. C’est toute la petite bourgeoisie grecque hétéronormée  »

[Repris de Renversé (Suisse).]