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Affaire Machine àexpulser : Après plus de sept ans d’instruction, quatre personnes passent en procès le 23 juin 2017 àParis [MAJ 05/06/2017]

dimanche 28 mai 2017

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Après sept ans et demi d’instruction, des milliers de pages de dossier, une quinzaine de personnes perquisitionnées, arrêtées, filaturées, écoutées, filmées, mises en examen, incarcérées, assignées àrésidence, maintenues sous des contrôles judiciaires variés pendant plus de sept ans, l’État et la justice ne passeront finalement que quatre personnes en procès, le 23 juin 2017 àParis. Les chefs d’inculpations les plus graves n’auront servi qu’àjustifier l’intensité de la répression puisqu’ils sont tous tombés, laissant place àdes accusations plus limitées (tags, dégradations légères, refus de prélèvement ADN et signalétique, etc.). A cette occasion, soyons nombreux pour exprimer notre solidarité contre les frontières et contre toutes formes d’enfermement, dans le refus des catégories du pouvoir comme « Â innocent  » et « Â coupable  », dans le refus de la Justice.

Juin 2008, cela fait un moment déjàqu’éclatent au CRA de Vincennes grèves de la faim, affrontements avec les flics et séquences de lutte d’intensités variables, lorsque Salem Souli meurt d’une crise cardiaque. Le 22 juin 2008, le lendemain, une mutinerie générale éclate au CRA, il est entièrement réduit en cendres et les sans papiers sont évacués. Dix seront inculpés dans un procès couru d’avance où ils prendront de 8 mois à3 ans de prison ferme en première instance. En solidarité avec les inculpés, de très nombreuses initiatives offensives ont lieu dans toute la France (et ailleurs), parmi lesquelles de nombreux sabotages de DAB de banques qui balancent des sans-papiers aux flics. Deux vagues de perquisitions sont menées le 15 février et le 8 juin 2010 contre une dizaine de camarades et compagnons, parmi lesquels Dan, Olivier et Camille qui seront incarcérés en janvier 2011 entre une semaine et trois mois, puis François pendant une semaine.

L’importance de cette affaire, communément dite « Â de la Machine àExpulser  » et diligentée en partie par la Section Anti Terroriste (SAT-PP) de la Brigade Criminelle, tient d’abord àl’ampleur des moyens judiciaires et policiers mis en Å“uvre sur la base d’un dossier consolidé afin de valider la construction par l’État d’une identité « Â anarcho-autonome francilienne  » (la fameuse MAAF) et de maintenir les camarades et compagnons pendant des années sous la menace d’une instruction en cours et d’une surveillance accrue des services de renseignement. Mais son importance tient surtout aux dynamiques de luttes autonomes qu’il s’agissait de faire cesser en cherchant àrompre les liens qui se construisaient alors entre les luttes àl’intérieur et àl’extérieur des Centres de Rétention Administrative, et particulièrement celui de Vincennes, alors plus grande prison pour étrangers d’Europe. Comme dans d’autres affaires de ces dix dernières années en France (affaire dite « Â mauvaises intentions  », affaire dite « Â de Chambéry  », affaire dite « Â de Tarnac  »), il s’est agit aussi pour l’État de parvenir àclassifier nos luttes, nos attaques, et nos désirs derrière la dénomination utilitaire de « Â terrorisme  » afin de constituer pour un temps un ennemi de l’intérieur isolé des autres formes de conflictualités sociales et àla merci, une fois catégorisé ainsi, des moyens de contrôle, de surveillance et de répression qui y sont associés.

Nous appelons, d’ores et déjàet minimalement, àune présence solidaire au procès qui se déroulera le 23 juin 2017 à13h30 àla 12e chambre du tribunal de Grande instance de Paris (métro Cité – prévoir de l’avance), et nous appelons chacun et chacune àexprimer sa solidarité àsa manière, collectivement et/ou individuellement.

Ne nous laissons pas juger en silence

Liberté pour tous et toutes, avec ou sans papiers

Feu aux centres de rétention !

Une réunion publique sera annoncée d’ici peu et un dossier récapitulatif de l’affaire sera publié prochainement. Toute autre initiative est la bienvenue, notamment pour récolter de l’argent en vue du procès.

[/Contact : pafledab@canaglie.net/]

PS : Depuis toutes ces années, les nombreuses personnes concernées de près ou de loin par cette affaire, qu’elles passent en jugement ou non, qu’elles soient mises en examen, relâchées sans suites, témoins assistées, participantes àces luttes ou simplement solidaires, ont eu tout le temps de s’éparpiller géographiquement, politiquement, etc. Quelles que soient les raisons qui nous ont éloignés, il est désormais urgent que nous nous remettions en contact, l’adresse mail pafledab@canaglie.net a donc été créée àcette fin. Toutes celles et ceux qui veulent participer àl’organisation de mobilisations autour de ce procès, peuvent aussi s’y manifester. Il ne s’agit en aucun cas de centraliser la solidarité, mais de trouver pratiquement un moyen de remettre en route la mobilisation, dans l’urgence du calendrier de l’ennemi.


Affaire Machine àexpulser : Erratum du 05/06/2017

D’après de nouvelles informations, il semblerait que la justice prévoie de passer d’autres personnes en procès dans le cadre de cette affaire, sans pour autant qu’une date d’audience ait été fixée. Plus d’informations seront rendues publiques dés que possible, et notamment àla réunion publique du 9 juin. Il est d’autant plus nécessaire de se mettre en contact et/ou se retrouver pour en parler.